Quand exactement avons-nous décidé que manger du dessert pour déjeuner était une bonne idée? Croissants, chocolatines, biscuits, muffins, brownies, gâteaux  — de quel cerveau frustré est venu l’idée que se gaver à jeun d’un mélange ahurissant de sucre le matin était foncièrement une bonne idée pour notre santé?

Un de ces génies est nul autre que le médecin John Harvey Kellogg qui, en 1897, propose des flocons plutôt secs à base de maïs comme déjeuner santé «pur», et qui devait aussi enlever l’envie … de se masturber (frustré, on vous disait). Depuis, les compagnies de céréales ont raffiné leurs produits, si bien qu'en 2014, une analyse exhaustive révélait que les 1,556 céréales disponibles contenaient tellement de sucre qu'une personne consommant une portion moyenne par jour, destinée aux enfants, avalerait plus de 10 livres de sucre par an — seulement en mangeant des céréales.

On en profite donc pour mettre les pendules à l’heure.
+ Primo, le déjeuner n’est PAS le repas le plus important de la journée. Les «études» martelant ce point étaient — ne tombez pas en bas de votre chaise — largement subventionnées par les compagnies de céréales… comme Kellogg.

+ Et deuxio, le matin, votre corps a plutôt besoin de choses, disons, plus «élémentaires». De l’eau pour vous réhydrater, de la lumière du jour pour vous aider à mieux dormir et un peu de mouvement et d’exercise pour s’activer.

+ Si vous avez faim, les fruits sont toujours recommandés et demeurent une valeur sure. Et si vous n’avez pas faim le matin, on vous propose un concept révolutionnaire et innovateur.

Êtes-vous prêt?

Si vous n’avez pas faim le matin : Ne. mangez. pas.

(Publié le 31/05/2019)

On aimerait croire que le printemps est arrivé. Vraiment. Il y a juste l’humidité glaciale matinale, la grisaille incessante et les températures anormalement basses qui alimentent notre scepticisme. Ceci dit, autant le printemps est incertain, autant on commence à croire que les changements climatiques font déjà résolument partie de nos vies. Ce qui amène un tout nouveau lot de défis et de questionnements :  Cela vaut-il la peine de se magasiner un nouveau Speedo, ou encore, quand doit-on partir son jardin?  Heureusement, il y a des solutions — pour le jardin, on s’entend, car pour le Speedo, ce n’est jamais une bonne idée. Bref.

La compagnie IKEA a visiblement prévu le coup climatique et va faire pousser sa propre laitue dans des conteneurs hydroponiques. Le géant suédois entrevoit récolter entre 15 et 20 kilos de laitue chaque jour, par conteneur, qui sera servi dans ses restaurants (assemblage requis, assurément).

+ Pour un jardin à plus petite échelle à domicile, il y a le Modulo, un jardin potager intérieur mural et évolutif, qui fonctionne de façon modulaire (d’où le nom — concept).

+ Pour impressionner la visite, il n’y a rien qui bat le O Garden,un jardin compact et complètement automatisé, inventé au Québec, qui prend vos légumes en mains, des semis à la récolte, de façon lumineuse, circulaire et franchement spectaculaire.

+ Toujours chez nous, il y a le Biotop, ce bac à légumes super performant qu’on peut installer en série, sur un toit. Nos sources nous indiquent qu’un nouveau produit similaire, au prix plus abordable et encore plus simple à utiliser pourrait d’ailleurs bientôt voir le jour.

Toutes ces innovations tombent à point. Car avec la première rencontre annuelle des partenaires de la Politique bioalimentaire du Québec qui a lieu justement aujourd’hui à Drummondville, il est visiblement possible «d’alimenter notre monde» en commençant chez soi, en devenant tous, en quelque sorte, des micro-producteurs. Il serait grand temps. Car en regardant le temps qu’il fait, on n’aura peut-être pas le choix.

(Publié le 31/05/2019)

Une (autre) longue étude qui en dit long sur les bienfaits des fruits et légumes : Une récente étude financée  par le Women’s Health Initiative a suivi deux groupes de femmes — 48,835 au total — de 1993 à 1998.

+ Les femmes étaient âgées entre 50 et 79 ans, n’avaient aucun historique de cancer et ont été réparties au hasard en deux groupes.

+ Le premier groupe consommait une moyenne de 32% de gras au quotidien. L’autre groupe réduisait sa consommation de gras  — on visait 20% — en mangeant notamment plus de fruits et légumes.

+ Vingt ans plus tard, 3,376 cas de cancer du sein étaient diagnostiqués au total. Mais le groupe qui mangeait moins de gras avait 21% moins de chance de mourir du cancer du sein par rapport à l’autre.

Autrement dit : manger plus de fruits et légumes, et moins de gras, améliore considérablement les chances de survie face au cancer du sein.

«Notre étude est la première à prouver qu'un régime alimentaire sain peut réduire le risque de décès attribuables au cancer du sein, a déclaré le principal auteur de l'étude, Rowan Chlebowski. «L’alimentation équilibrée que nous avons conçue est axée sur la modération. At après 20 ans de suivi, les bienfaits pour la santé continuent d’augmenter.» Et en terminant, messieurs, si vous croyez être à l’abri du cancer du sein, ne lisez pas ceci.

(Publié le 31/05/2019)

On en fait du pudding, des céréales ou du sushi. On en met dans nos salières pour éviter le motton. Et on s’en sert pour gaver des lutteurs sumo pour les aider à maintenir «leurs lignes». À cet effet, on associe souvent le riz blanc à un aliment qui peut facilement nous faire engraisser. Faux et au contraire, nous indique une récente étude japonaise qui a ratissé 136 pays pour examiner les effets du riz sur la prise de poids. Selon les résultats présentés au Congrès européen sur l’obésité (hélas oui, cela existe), les pays qui consomment le plus de riz ont des taux d’obésité nettement plus bas, même en tenant compte des facteurs socioéconomiques et du mode de vie des habitants. Et selon les savants calculs nippons, manger aussi peu que 50 grammes de riz de plus par jour pourrait réduire l’obésité planétaire de 1%, rayant ainsi de la carte — façon de parler — 6.5 millions d’obèses. Comment?  «Il est possible que les fibres, les nutriments et les composés végétaux présents dans le riz augmentent le sentiment de satiété et empêchent de trop manger,» a déclaré le professeur Tomoko Imai, qui dirigeait l’étude. Tout ça est peut-être difficile à avaler, jusqu’à ce qu’on note que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) liste le Japon comme étant le pays avec le moins d’obèses (adultes) au monde, avec un maigre taux de 4,2%. (Les États-Unis sont largement — mais largement— en tête avec 40%; le Canada ne fait pas trop bonne figure à 28.1%). Deux bémols à apporter toutefois : Primo, il semblerait que la consommation annuelle de riz par personne au Japon est à la baisse, chutant de moitié au cours des 50 dernières années (118 kg par personne en 1962 v. 54 kg en 2016). Et finalement, en 2012, une étude du sérieux British Medical Journal démontrait qu’une consommation accrue de riz blanc augmentait le risque de diabète de type 2, particulièrement chez les populations asiatiques. Conclusion : le riz n’est peut-être pas le seul remède miracle pour contrôler son poids, mais il demeure quand même la pierre angulaire d’une cuisine nettement plus «santé» que la notre.

Le virage végé qui gagne du terrain apporte son lot de controverses et de critiques. En exemple, on vous propose deux topos pour approfondir votre réflexion — et qui sait, peut-être vous divertir un peu. Le premier : un choc d’idées entre Aymeric Caron et Mathieu Bock-Côté, qui nous vient de l’émission Deux hommes en or sur les ondes de Télé-Québec.  Le deuxième, un texte riche en nuances et intelligence de Dominic Chagnon, militant pour la légalisation de l'agriculture artisanale et auteur de La ferme impossible, publié dans La Presse + cette semaine.

(Publié le 10/05/2019)

La vie comporte plusieurs certitudes. Le soleil se lèvera demain. Après la pluie vient le beau temps. Il y aura toujours des imbéciles pour faire la file pour acheter un nouvel iPhone, même un mardi matin de janvier. Et il y aura toujours une nouvelle diète qui fera spontanément son apparition, avec des promesses irrésistibles de bien-être.

+ Le régime paléo nous suggérait de manger un peu comme nos ancêtres primitifs, ce qui comporte son lot de défis, surtout quand on veut trouver un steak de mammouth frais.

+ Il y a eu le régime Atkins, qui honnissait les glucides et favorisait les protéines et les gras à volonté…jusqu’à ce qu’on apprenne que son fondateur Robert Atkins était cardiaque et pesait 250 livres à sa mort.

+ Plus récemment, il y a eu le régime «keto», qui est remarquablement similaire à Atkins, et qui cherche à plonger votre corps en état de cétose (ketosis en anglais) pour qu’il brule du gras. Bien que les résultats soient prouvés, le procédé s’est attiré plusieurs critiques de nutritionnistes et aussi, cette semaine, une attaque en bonne et due forme de la vedette et entraîneur personnel Jillian Michaels.

Ce qui nous amène au jus de céleri. Tel que proposé par le médium médical Anthony Williams, 16 onces de cet élixir au quotidien, à jeun, aiderait à combattre diabète, goutte, acne, constipation, vertiges ainsi qu’une trollée d’autres maladies — en plus de vous rendre foncièrement heureux (cela doit être vrai, c'est sur Instagram). Comment le guru sait-il tout cela? Il affirme communiquer avec l’Esprit de la Compassion pour obtenir «des informations extrêmement précises dans le domaine de la santé, souvent très en avance sur leur temps».

Les médias, du Washington Post au New York Post, ont commencé à crié bullshit. N’empêche. Le livre de M. Williams est un bestseller et les ventes et le prix du céleri ont augmenté en flèche, même au Québec.

Morale de l’histoire? Comme un Mormon jovial qui se pointe subrepticement chez vous la fin de semaine, fermez dons la porte aux régimes miracles et rabattez-vous plutôt sur l’excellent livre du journaliste Michael Pollan In Defense of Food , paru en 2008, qui résume la clef du bien-être alimentaire en trois courtes phrases magiques :

Mangez de la vraie bouffe.

Pas trop.

Surtout des plantes.

(Publié 10/05/2019)