Le roi de Wimbledon mange du gazon – et des plantes

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Après avoir remporté un match marathon historique en cinq manches face à Roger Federer dimanche dernier, Novak Djokovic s’est agenouillé sur la pelouse de Wimbledon, a arraché quelques brins d’herbe et les a mastiqués paisiblement, savourant pleinement sa victoire.

En fait, pour le champion de Wimbledon, manger vert est un élément crucial de ses succès et de son bien-être puisqu’il avouait, dans une entrevue accordée durant le tournoi, avoir pris un virage alimentaire à base de plantes il y a de cela quelques années.

« Je suis un régime à base de plantes, je pense que c’est une des raisons pour lesquelles je récupère bien. Des allergies que j’avais ont aussi disparu. Et j’aime ça. »

Djokovic est d’ailleurs impliqué dans le documentaire The Game Changers qui sortira en salle en septembre et qui suit plusieurs athlètes de haut niveau, démontrant comment un virage vers un régime à base de plantes leur a permis d’améliorer considérablement leurs performances ou encore d’accélérer leur récupération.

« Cela explique comment ce régime alimentaire affecte le monde, pas juste sur le plan de la santé personnelle, mais aussi pour la durabilité, l’écologie, les animaux. C’est ce qui me tient à cœur, c’est pourquoi je suis vraiment privilégié de faire partie de cette équipe », a-t-il déclaré, faisant référence aux autres producteurs du film, qui incluent Arnold Schwarznegger, Jackie Chan et James Cameron.

(Publié le 19/07/2019]

Jus, sucre et cancer

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Après la viande rouge et les viandes transformées, voici d’autres produits à rayer de votre liste d’épicerie : les jus de fruits et boissons sucrées. En effet, une étude publiée dans The British Medical Journal la semaine dernière les a carrément associés à un risque élevé de cancer.

Après avoir suivi 101 257 participants pendant huit ans, des chercheurs français arrivent, pour une première fois, à la conclusion que « la consommation de boissons sucrées était positivement associée au risque de cancer en général et de cancer du sein. Les jus de fruits 100 % purs étaient également associés de façon positive au risque de cancer en général ».

CE QU'ON SAVAIT DÉJÀ 

Pas vraiment santé : Même s’ils ont longtemps claironné un profil beaucoup plus santé que, disons, du Kik Cola aux fraises, de nombreuses études associent clairement les jus de fruits au surpoids, à l’obésité et au diabète. Tellement que le nouveau Guide alimentaire canadien suggère carrément de les éviter et d’opter plutôt pour… de l’eau.

C'est le sucre, toujours le sucre : Le problème des jus est relié à l’avalanche de sucre — et donc de calories — qu’ils contiennent. Lorsque vous mangez le fruit au complet, vous avalez une quantité de sucre naturel moins élevée, en plus des fibres et vitamines. Lorsque vous buvez du jus, cela devient nettement plus concentré et exagéré.


UN VERRE DE…  

Jus d’orange : 5 cuillères à thé (22 grammes)
Jus de pomme 100 % pur : 6 cuillères à thé de sucre (25 grammes)
Coca-Cola  : 7 cuillères à thé de sucre (28 grammes)
Eau : Rien pantoute

Rappel :
1 pomme entière — 10 grammes de sucre

Source : Institut national de Santé publique du Québec


Pas vraiment besoin de cela : Finalement, notons que votre beau corps céleste n’a pas vraiment besoin de sucre pour fonctionner. Oui, on a besoin de glucose, qu’on va déjà puiser dans plusieurs aliments, mais il n’y a aucun apport quotidien en sucre libre recommandé puisque, on le répète, on n’en a pas vraiment besoin. D’ailleurs, en 2015, l’Organisation mondiale de la Santé revoyait ses recommandations de sucre par jour à la baisse, proposant un maximum de 25 grammes par jour —ce qui veut dire qu’un verre de jus de pomme pour partir votre journée vous propulse déjà à la limite. (Si vous partez votre journée avec un verre de Coke, vous la dépassez — mais vous avez clairement d’autres problèmes.)

CE QUI EST NOUVEAU 

Taxe du sucre : Face aux ravages évidents du sucre, certaines villes américaines ont instauré une taxe sur les boissons sucrées — et cela fonctionne. Il y a quelques semaines, des chercheurs néo-zélandais ont déterminé qu’une taxe de 10 % a permis de réduire l’achat et la consommation de boissons sucrées en moyenne de 10 %. Comme on dit si bien : « C’est déjà ça ».

Montréal attaque :
En décembre 2017, la Ville de Montréal a pris position sur les boissons sucrées, adoptant une motion qui proposait de graduellement les bannir des édifices municipaux, tout en pressant le gouvernement canadien de leur imposer une taxe. La ministre fédérale de la Santé Ginette Petitpas Taylor a tranché au mois de mai. C’est non.

Pourquoi on aime cela :Finalement, si vous vous demandez pourquoi on aime tant le sucre, il y a plusieurs raisons. Il y a une question de dopamine, qui stimule notre cerveau à l’idée même d’en manger. On peut aussi vraisemblablement blâmer nos ancêtres primates qui se gavaient de petits fruits mûrs — et donc sucrés — pour survivre, ce qui classe notre amour du sucre un peu au même niveau évolutif que notre peur inhérente de la noirceur ou de Michèle Richard. Mais il y a aussi une manipulation plus insidieuse à l’oeuvre.  En effet, cette semaine, l’Organisation mondiale de la Santé — encore elle — s’insurgeait contre la forte teneur en sucre de la nourriture… pour bébé, ainsi que son étiquetage frauduleux, proposant même de bannir le sucre ajouté dans tout aliment pour nourrisson. On appelle cela « développer et fidéliser une clientèle ».

(Publié le 19/07/2019)

Du café avec mon café SVP

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Après le burger sans viande, et la carotte sans — euh — carotte — êtes-vous prêt pour le café sans… café ? C’est ce que propose la compagnie Atomo qui s’est donné comme mission de mettre sur le marché, dès 2020, un café sans amertume, concocté… sans grains de café.

Avant de ridiculiser la démarche, quelques points à retenir :

Ce n’est pas la première fois
Privée de café durant la Guerre de Sécession, la Nouvelle-Orléans s’est improvisée un « café » à base de chicorée qui est devenu une spécialité de la région.

La démarche est sérieuse
Un des instigateurs du projet, le scientifique alimentaire Jarret Stopforth, a passé quatre mois à séparer et cataloguer les plus de mille composantes chimiques du café afin de recréer un produit de la même couleur, de la même saveur et qui a la même sensation en bouche. Il appelle cela du café moléculaire — d’où le nom de la compagnie Atomo (concept).

Le goût semble au rendez-vous
Lors d’un récent test à l’aveugle effectué sur le campus de l’Université de Washington (et disponible sur YouTube), le café Atomo a été préféré au café Starbucks par les étudiants sur place.

On va manquer de café anyway
Un rapport de l’International Center for Tropical Agriculture estime qu’en raison des changements climatiques, pas moins de 50 % des plantations de café sont menacées d’ici 2050. Une alternative s’impose.

L’arrivée d’un café sans grain devient donc (et encore) une triste conséquence logique du bordel incommensurable qu’on inflige à notre planète.  Éventuellement, cela va nous prendre un maudit bon café corsé pour nous remettre de tout cela.

(Publié le 12 /07/2019)

Quoi manger pour lutter contre le cancer

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L’informatique en a fait du progrès depuis le Vic 20 (même si on a eu droit au Commodore 64 et au NeXt. Mais bon).

Les chercheurs de l’Imperial College of London ont repoussé ses limites de façon ingénieuse la semaine dernière en proposant un exercice comparatif informatique plutôt complexe à leur superordinateur : pour savoir quels aliments nous aideraient le plus à lutter cotre le cancer, pourquoi ne pas identifier quelles molécules d’aliments ressemblent le plus à des molécules utilisées pour la lutte contre le cancer ?

Ce qu’il faut savoir
+ Selon leur étude « HyperFoods : Machine intelligent mapping of cancer-beating molecules in foods »,  de 30 % à 40 % des cancers peuvent être prévenus grâce à l’alimentation ou à un changement de mode de vie.

+ Parmi toutes les molécules approuvées pour les thérapies anticancéreuses, près de la moitié viennent de produits naturels. Ces médicaments sont moins toxiques pour les cellules normales, et se retrouvent aussi dans les aliments.

+ Les chercheurs ont donc modélisé les molécules utilisées pour la lutte contre le cancer. Puis, ils ont introduit à l’ordi une base de données complète de 7 962 molécules bioactives dans les aliments et, grâce à un algorithme intelligent, ont tenté de déterminer lesquels ressemblaient le plus aux molécules utilisées pour lutter contre le cancer.

Et les gagnants sont…
Le thé, les carottes, le céleri, les oranges, l’aneth, les raisins et le chou font partie des aliments à base de plantes qui contiennent le plus grand nombre de molécules anticancéreuses.

Un seul bémol
L’étude a ses limites, notamment à savoir combien de molécules bioactives seraient nécessaires pour lutter contre le cancer. Mais on comprend que les résultats de l’étude ouvrent une grande porte à un nouveau créneau du genre « médecine gastronomique » ou même possiblement des régimes personnalisés pour la prévention du cancer.

Cela rejoint ce qu’on a toujours cru
Au-delà d’avaler une trôlée de vitamines et de vous abonner constamment au gym, le geste le plus important que vous pouvez poser pour votre santé commence toujours par ce que vous mangez.

(Publié le 12/07/2019)

Les tomates ne goutent plus rien. Voici pourquoi.

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Si vous vous demandez pourquoi nos tomates de supermarché ne goûtent plus grand-chose, mais peuvent quand même durer trois semaines sans dépérir, l’équipe de l’émission CASH Investigation, en France, a levé le voile récemment sur ce phénomène, ainsi que sur le marché très lucratif des semences industrielles.

Dans le cadre de l’enquête « Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes » de Linda Bendali, on apprend notamment que :

+ Les fruits et légumes ont considérablement perdu de leur valeur nutritive au fil des ans. Par exemple, selon l’étude de CASH, la tomate d’aujourd’hui contient 63 % moins de calcium et 72 % moins de vitamine C que celle d’il y a 60 ans. Ces constats ont été confirmés de ce côté de l’Atlantique par le chercheur américain Donald Davis.

+ La chute libre est en partie attribuable à la culture hors-sol, mais aussi à l’arrivée de la tomate qu’on appelle « hybride », qui a été créée à la suite de croisements de gènes de différents types de tomates pour enfin arriver à LA belle tomate ronde, parfaite et résistante aux chocs, que l’on retrouve vendue en vigne en supermarché.

+ La tomate miraculeuse qui se conserve trois semaines vient du cerveau du professeur Haim Rabinowitch de l’Université hébraïque à Jérusalem, qui, grâce à de nombreux croisements, a perfectionné ce beau fruit il y a plus de 30 ans, pour en faciliter l’exportation. Mais de son propre aveu : « Elle ne goûte rien. » Pourquoi ? Parce que le gène qui permet de bloquer son mûrissement et de prolonger sa durée de vie détériore aussi le goût, ce qui la rend aussi moins nutritive.

+ Le Dr Harry Klee, qui s’est également penché sur le phénomène, a déclaré au New York Times en 2017 : « Imaginez que la saveur d’une tomate est comme une symphonie avec beaucoup de notes. Au cours des 50 dernières années, ils ont retiré un instrument à la fois. »

+ Un kilo de semences de tomate hybride peu coûter 400 000 euros (non, ce n’est pas une erreur).  À ce prix-là, vous vous en douterez, les semences des fruits et légumes que nous consommons sont majoritairement la propriété de quelques géants mondiaux.

Et ce n’est qu’une toute petite partie de cette incroyable aventure dans les dédales de l’agroalimentaire, qui passe par Israël, l’Inde, Boston et par le siège social de la multinationale Limagrain à Paris, dont un de ses directeurs se fait joyeusement passer dans le tordeur par la toujours charmante (mais carrément épeurante) Elise Lucet de France 2.

Pour vous donner une idée du topo, on vous conseille ce bref extrait. 

Et si vous cherchez des semences de légumes qui ne sont pas hybrides, mais plutôt authentiques et ancestrales, alors il faut absolument aller voir du côté du bas de fleuve, chez la Société des plantes à Kamouraska, qui fait un travail à la fois noble et remarquable.

(Publié le 12/07/2019)

La malbouffe : tueur en série

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La malbouffe qu’on a inventée et industrialisée, et que l’on consomme à un rythme effréné, est en train de nous tuer — ça, on le savait déjà. Mais voilà qu’une nouvelle étude vient en rajouter une couche encore plus troublante : non seulement elle nous tue, mais en plus, elle limite nos chances de reproduction.

Ce qu’on savait déjà : Le taux de fertilité de l’homme « moderne » est en chute libre dans l’Occident. Une étude rigoureuse de 2017 de données récoltées entre 1973 et 2011 démontrait que la concentration de spermatozoïdes avait chuté de 50 % chez les hommes durant cette période. Un des chercheurs, Hagai Levine, avait même déclaré : « Nous devons espérer pour le mieux et nous préparer au pire, c’est-à-dire la possibilité que notre espèce disparaisse. »  Donc, après les dinosaures, les souliers Patof et le téléphone à roulette, nous serions, à notre tour, possiblement en voie d’extinction. Mais pourquoi ?

Ce qui a de nouveau : La semaine dernière, des chercheurs américains et danois, dans une étude de l’Université de Harvard, auraient mis le doigt sur un des coupables de cette débandade remarquable : la malbouffe.

Comment :
+ Ils ont passé au peigne fin les échantillons de sperme de 2 925 jeunes Danois, âgés d’une moyenne de 19 ans, alors qu’ils se préparaient à faire leur service militaire.

+ Après un examen médical, les hommes ont répondu à un questionnaire sur leur régime alimentaire, ce qui a permis aux chercheurs de les classer en quatre groupes :

1. Régime équilibré
2. Régime végétarien
3. Régime scandinave
4. Régime « américain » / occidental (malbouffe)

+ Ceux du groupe 4 avaient invariablement le plus bas nombre de spermatozoïdes, soit 25,6 millions par éjaculation alors que l’Organisation mondiale de la Santé estime qu’un échantillon fertile en contient au moins 39 millions.

Autrement dit, la malbouffe nous mène possiblement tout droit vers l’extinction.
(Publié le 5/07/2019)