Si vous vous demandez pourquoi nos tomates de supermarché ne goûtent plus grand-chose, mais peuvent quand même durer trois semaines sans dépérir, l’équipe de l’émission CASH Investigation, en France, a levé le voile récemment sur ce phénomène, ainsi que sur le marché très lucratif des semences industrielles.

Dans le cadre de l’enquête « Multinationales : hold-up sur nos fruits et légumes » de Linda Bendali, on apprend notamment que :

+ Les fruits et légumes ont considérablement perdu de leur valeur nutritive au fil des ans. Par exemple, selon l’étude de CASH, la tomate d’aujourd’hui contient 63 % moins de calcium et 72 % moins de vitamine C que celle d’il y a 60 ans. Ces constats ont été confirmés de ce côté de l’Atlantique par le chercheur américain Donald Davis.

+ La chute libre est en partie attribuable à la culture hors-sol, mais aussi à l’arrivée de la tomate qu’on appelle « hybride », qui a été créée à la suite de croisements de gènes de différents types de tomates pour enfin arriver à LA belle tomate ronde, parfaite et résistante aux chocs, que l’on retrouve vendue en vigne en supermarché.

+ La tomate miraculeuse qui se conserve trois semaines vient du cerveau du professeur Haim Rabinowitch de l’Université hébraïque à Jérusalem, qui, grâce à de nombreux croisements, a perfectionné ce beau fruit il y a plus de 30 ans, pour en faciliter l’exportation. Mais de son propre aveu : « Elle ne goûte rien. » Pourquoi ? Parce que le gène qui permet de bloquer son mûrissement et de prolonger sa durée de vie détériore aussi le goût, ce qui la rend aussi moins nutritive.

+ Le Dr Harry Klee, qui s’est également penché sur le phénomène, a déclaré au New York Times en 2017 : « Imaginez que la saveur d’une tomate est comme une symphonie avec beaucoup de notes. Au cours des 50 dernières années, ils ont retiré un instrument à la fois. »

+ Un kilo de semences de tomate hybride peu coûter 400 000 euros (non, ce n’est pas une erreur).  À ce prix-là, vous vous en douterez, les semences des fruits et légumes que nous consommons sont majoritairement la propriété de quelques géants mondiaux.

Et ce n’est qu’une toute petite partie de cette incroyable aventure dans les dédales de l’agroalimentaire, qui passe par Israël, l’Inde, Boston et par le siège social de la multinationale Limagrain à Paris, dont un de ses directeurs se fait joyeusement passer dans le tordeur par la toujours charmante (mais carrément épeurante) Elise Lucet de France 2.

Pour vous donner une idée du topo, on vous conseille ce bref extrait. 

Et si vous cherchez des semences de légumes qui ne sont pas hybrides, mais plutôt authentiques et ancestrales, alors il faut absolument aller voir du côté du bas de fleuve, chez la Société des plantes à Kamouraska, qui fait un travail à la fois noble et remarquable.

(Publié le 12/07/2019)