Précieux avocats

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La récente suggestion du président Trump de fermer la frontière américano-mexicaine pourrait avoir une conséquence culinaire tragique : une pénurie d’avocats. En effet, on estime que les États-Unis épuiseraient leur réserve d’avocats en trois semaines si un tel blocus avait lieu.  Même constat ici, puisque 95% des avocats qu'on trouve au Canada proviennent du Mexique et que la consommation du fruit exotique a triplé au pays depuis 2003.

Car il y a bel et bien une folie pour l’avocat qui culmine chaque année durant le Super Bowl alors qu’on estime que 45 millions de kilos d’avocats sont ingurgités en une journée majoritairement sous forme de guacamole — ce qui explique les publicités un peu débiles de Avocados from Mexico lors du grand match et la présence de leur logo sur les baies vitrées du Centre Bell.

Bien qu’on reconnaisse tous les vertus alimentaires de l'avocat, tout comme son homonyme, il possède aussi un côté plus sombre et magouilleur. En effet, désirant s’immiscer dans ce marché de 1.5$ milliard, un cartel mexicain du nom de Caballeros Tempalrios a opté pour la «diversification» en mettant brutalement la main récemment sur plusieurs plantations d’avocats au Mexique, si bien qu’on surnomme désormais l’avocat le «diamant de sang» du pays.

Sa culture agressive a aussi un impact direct sur l’environnement, menant à une déforestation sauvage mais aussi à une pénurie d’eau, puisqu’il faut 544 litres d’eau pour faire pousser un kilo d’avocats comparativement à 68 litres d'eau pour un kilo de tomate.

Tous ses facteurs ont poussé certains restaurateurs en Angleterre à laisser tomber l’avocat du menu. Bref, peu importe ce que fera le président au sujet de la frontière, comme toutes ses autres décisions, on peut déjà assumer qu’un avocat en paiera le prix.

(Publié le 4/04/2019)

Comment noyer le poisson

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Cette semaine, Environnement Canada donnait son aval à l’élevage en bassin fermé d’un nouveau saumon transgénique de la compagnie AquaBounty, dans son usine de l’Île-du-Prince-Édouard. La compagnie aurait créé? inventé? patenté? un saumon transgénique du nom de «AquaAdvantage ©» qui arrive à maturité deux fois plus vite que l’espèce naturelle tout en promettant une empreinte écologique beaucoup plus petite grâce à la technologie utilisée.

Le Canada devient donc le premier pays à autoriser la production et la consommation d’un animal transgénique, par souci d’innovation, sans doute, mais aussi par intérêt financier. Il appert que le gouvernement canadien, via l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, aurait accordé une subvention de 2.8$ millions à AquaBounty qui sera remboursée par une redevance de 10% sur tous les produits qui seront commercialisés à partir du projet.

Même si les spécialistes et le gouvernement nous rassurent que ce nouveau poisson a été testé depuis 1989 et qu'il ne comporte aucun danger, on peut avoir une certaine hésitation à consommer une bête qui n’est, somme toute, pas tout à fait naturelle.

Le problème, c’est qu’on en a probablement déjà mangé sans le savoir. Grâce à des documents obtenus par l’organisme Vigilance OGM, une enquête du magazine McLean’s l’an dernier révélait qu’une livraison de 4,5 tonnes de saumon transgénique élevé au Panama par AquaBounty a abouti à Montréal en juin 2017. Le poisson a été vendu aux compagnies Montreal Fish Co. et Sea Delight Canada, pour ensuite être écoulé … on ne sait trop où et à qui.

Car voici l’anguille sous roche dans ce dossier épineux : contrairement à 64 pays dans le monde qui exige l’étiquetage obligatoire de tout produit génétiquement modifié, Santé Canada fait plutôt confiance au producteur en proposant un système volontaire d’étiquetage.

«La décision de procéder ou non à l’étiquetage volontaire appartient à AquaBounty Technologies Inc. Aucun changement dans la réglementation canadienne n’est prévu pour le moment» nous a-t-on répondu à Santé Canada.

Le Québécois ont donc vraisemblablement été les premiers humains sur Terre à consommer du poisson génétiquement modifié... sans même le savoir.

Celle-là, on la digère moins.

(Publié le 5/04/2019)

EH – OH! Comment cela juste deux verres?

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Coup de tonnerre chez les cousins alors que Santé publique France lançait cette semaine une campagne publicitaire nationale contre les ravages de l’alcool : «Pour votre santé, l’alcool c’est maximum deux verres par jour. Et pas tous les jours.» Pas facile pour le 2e plus grand producteur de vin au monde derrière l’Italie de dire à son monde qu’il faut subitement baisser le coude.

Et pourtant, selon Santé publique France, près d’un quart des Français consomment trop d’alcool, faisant de l’alcool la première cause d’hospitalisation au pays.  De l’autre côté de la Manche, les Anglais ont une approche encore plus drastique sur le sujet, publiant une recherche l’an dernier qui suggérait qu’un verre par jour était la limite. Dans ce débat, deux choses à retenir qu’on a tendance à oublier en trinquant :  

+ Primo, l’alcool, peu importe la quantité consommée, est un produit classé cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé (tout comme la viande transformée, le tabac, l’amiante et les rayons gamma, pour ne nommer que ceux-là.)

+ Et finalement, on parle beaucoup de drogues dangereuses et de la crise des opioïdes mais il serait bon de se rappeler que l’alcool cause plus de ravages que toutes drogues confondues.

On comprend donc mieux le virage français qui est déjà amorcé, puisque la consommation de vin en France a diminué de 20% au cours des 20 dernières années pendant que les exportations de vins et spiritueux français ont atteint un record de 13 milliard d’euros en 2018. Cela s'appelle «exporter son expertise». 

(Publié le 5/04/2019)

Vivre une allergie amoureuse

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Votre allergie au gluten vous empêche de trouver l’âme soeur? Vous ne pouvez partager un bon plat de spaghetti bolognese de façon romantique sans risquer des ballonnements barbares ou des flatulences intenses? Votre calvaire intestinal tire peut-être à sa fin grâce au site de rencontre glutenfreesingles.com qui cherche à mettre en contact des célibataires souffrant d’une intolérance au gluten ou de la maladie de coeliaque, afin de leur permettre de vivre une vie amoureuse paisible, épanouie et dépourvue de gas et crampes grotesques.

Un bémol toutefois : bien que le site soit un carrefour pour promouvoir des rencontres entre gens qui souffrent en silence (enfin presque), on mentionne tout de même, en bas de page, que «le site ne fait pas d’enquête sur ses membres concernant leur casier judiciaire.»

Si votre spectre d’allergies est plus large vous pouvez toujours vous rabattre sur Singles With Food Allergies, qui offre un matching plus élaboré, selon votre aversion alimentaire.

Et finalement, si vous souhaitez quelque chose de plus torride, il y a toujours le site  Hot Sauce Passions, pour les célibataires et tripeux de piments forts. Que vous soyez du genre Jalapeno, Habanero ou Tabasco, le site saura littéralement mettre du piquant dans votre vie (insérer bruit de tambour ici).

(Publié le 5/04/2019)

Un additif à prendre en grippe

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Avec le printemps qui arrive enfin, on peut se vanter d’avoir survécu à un autre hiver assez brutal merci, et aussi d’avoir passé à travers une saison de grippe plutôt virulente. Car le virus de l’influenza gagne incontestablement du terrain à chaque année, avec un nombre alarmant de 80,000 morts aux États-Unis en 2017-18 ainsi que deux fois plus d’hospitalisations au Canada cette année chez les jeunes de moins de 16 ans comparativement à l’an dernier. Quel rapport avec la bouffe vous dites? Justement.

Figurez-vous qu’une étude cette semaine de l’université d'État du Michigan démontre qu’un additif alimentaire couramment utilisé dans une panoplie de produits transformés — comme les frites McDonalds, les croquettes de poulet, le popcorn micro-onde, la margarine, les céréales et la gomme à mâcher  — aurait un effet secondaire dévastateur sur notre capacité de lutter contre la grippe.

En effet, le butylhydroquinone tertiaire (BHQT pour les intimes) viendrait sournoisement affaiblir notre système immunitaire notamment lorsqu’il s’agit de combattre la grippe, au point de même neutraliser l’efficacité des vaccins.

Autrement dit, pour utiliser des termes scientifiques, manger de la scrap scrapperait nos chances contre la grippe. Pour terminer, vous serez heureux d’apprendre que le butylhydroquinone tertiaire est une fabrication parfaitement artificielle, qu’il se retrouve aussi dans les vernis, les pesticides et les produits cosmétiques et qu’utilisé de façon judicieuse, il peut aussi vous rapporter 113 points au Scrabble.

(Publié le 5/04/2019)

Un superaliment sous-estimé

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Un peu comme pour Elvis, Cher et Passe-Carreau, on reconnait les superaliments par leur nom singulièrement exotique. Kale. Curcuma. Chia. Tellement qu’on néglige souvent la betterave, par exemple, qui demeure pour plusieurs un gros bulbe sanguinaire et salissant, difficile à éplucher. Et pourtant cette belle racine qui se présente sous différentes couleurs et variétés, offre des bénéfices incroyables pour la santé.

+ Primo, elle contient une panoplie de vitamines et demeure un des légumes qui ont le meilleur pouvoir antioxydant pour prévenir le cancer. Une étude a même démontré que la consommation de bétanine, un des pigments donnant à la betterave sa couleur, diminuait l’apparition de cancers de la peau, du foie et du poumon.

+ D’autres études démontrent aussi que le jus de betterave peut abaisser l’hypertension artérielle, en raison de sa teneur élevée en nitrates. Le nitrate est transformé par un enzyme en oxyde nitrique, ce qui détend les vaisseaux sanguins. Le jus de betterave peut entraîner des baisses de la pression systolique et diastolique à des taux plus élevés que certains médicaments.

+ Et justement à cause de ces nitrates, la betterave aiderait aussi à améliorer les performances sportives, surtout côté endurance, faisant d’elle possiblement une nouvelle « drogue » pour les sportifs.

Et au cas où on l’utiliserait pour tricher dans un sport, elle a ceci de pratique : elle est plutôt facile à détecter dans l’urine.

(Publié le 18/10/20)