Cette semaine, Environnement Canada donnait son aval à l’élevage en bassin fermé d’un nouveau saumon transgénique de la compagnie AquaBounty, dans son usine de l’Île-du-Prince-Édouard. La compagnie aurait créé? inventé? patenté? un saumon transgénique du nom de «AquaAdvantage ©» qui arrive à maturité deux fois plus vite que l’espèce naturelle tout en promettant une empreinte écologique beaucoup plus petite grâce à la technologie utilisée.

Le Canada devient donc le premier pays à autoriser la production et la consommation d’un animal transgénique, par souci d’innovation, sans doute, mais aussi par intérêt financier. Il appert que le gouvernement canadien, via l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, aurait accordé une subvention de 2.8$ millions à AquaBounty qui sera remboursée par une redevance de 10% sur tous les produits qui seront commercialisés à partir du projet.

Même si les spécialistes et le gouvernement nous rassurent que ce nouveau poisson a été testé depuis 1989 et qu'il ne comporte aucun danger, on peut avoir une certaine hésitation à consommer une bête qui n’est, somme toute, pas tout à fait naturelle.

Le problème, c’est qu’on en a probablement déjà mangé sans le savoir. Grâce à des documents obtenus par l’organisme Vigilance OGM, une enquête du magazine McLean’s l’an dernier révélait qu’une livraison de 4,5 tonnes de saumon transgénique élevé au Panama par AquaBounty a abouti à Montréal en juin 2017. Le poisson a été vendu aux compagnies Montreal Fish Co. et Sea Delight Canada, pour ensuite être écoulé … on ne sait trop où et à qui.

Car voici l’anguille sous roche dans ce dossier épineux : contrairement à 64 pays dans le monde qui exige l’étiquetage obligatoire de tout produit génétiquement modifié, Santé Canada fait plutôt confiance au producteur en proposant un système volontaire d’étiquetage.

«La décision de procéder ou non à l’étiquetage volontaire appartient à AquaBounty Technologies Inc. Aucun changement dans la réglementation canadienne n’est prévu pour le moment» nous a-t-on répondu à Santé Canada.

Le Québécois ont donc vraisemblablement été les premiers humains sur Terre à consommer du poisson génétiquement modifié... sans même le savoir.

Celle-là, on la digère moins.

(Publié le 5/04/2019)