L’AIL ET L’HUIILE DE SÉSAME NE PEUVENT RIEN CONTRE LE CORONAVIRUS

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Avec le coronavirus qui fait rage en Chine et dans plusieurs pays, l’Organisation mondiale de la santé a jugé bon d’émettre une série de directives et conseils cette semaine afin de briser les mythes concernant les traitements possibles et le risque de contagion.

Dans une longue liste d’énoncés, l’OMS s’attaque notamment à deux remèdes miracles alimentaires qui ont fait leur bout de chemin autour du globe grâce à la magie du Web : l’ail et l’huile de sésame.

« L’ail est un aliment sain qui peut avoir certaines propriétés antimicrobiennes, rappelle l’OMS. Cependant, rien ne prouve, dans le cadre de l’épidémie actuelle, que la consommation d’ail protège les gens contre le nouveau coronavirus. »
Pour ce qui est de s’enduire le corps d’huile de sésame pour étouffer le virus, même si la proposition a un certain attrait ludique et peut avoir des avantages quand on essaie, par exemple, d’enfiler ses jeans Lee du secondaire, elle demeure fictive : « L’huile de sésame ne tue pas le nouveau coronavirus », confirme l’OMS.

Pendant ce temps, puisqu’on parle de bouffe, le prix des aliments a augmenté de plus de 20 % en Chine, à la fois à cause de l’emprise du virus et de la grippe porcine qui fait également des ravages au pays.
Et pour boucler la boucle alimentaire, rappelons que ce virulent nouveau virus a vraisemblablement vu le jour dans un marché ouvert (ce qu’on appelle un wet market) dans la ville de Wuhan, en Chine.
Un peu comme le SRAS en 2003, le virus proviendrait d’une chauve-souris, mais comment il a réussi à faire le saut à l’humain demeure toujours un mystère.

On ne prétend pas être des épidémiologues, mais en regardant ces photos troublantes, on soupçonne que le fait d’avoir de la viande crue exposée en plein air avec des animaux vivants qui rôdent autour, dans des espaces restreints, entassée autour d’une masse de gens, n’est peut-être pas l’idée du siècle côté hygiène et salubrité.

Finalement, rappelons qu’à ce jour, le virus a fait 1 384 victimes, principalement en Chine. Au Canada, la grippe tue 3 000 personnes chaque année. Et les maladies du coeur, qui sont majoritairement évitables et reliées à une mauvaise alimentation, ont tué 53 134 personnes au pays en 2018.

Mais ça, c'est autre chose.

(Publié le 14/02/2020)

LA VIOLENCE DU SILENCE

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Notre petit monde végé a été bousculé cette semaine.

Primo, il y a eu ces manifestants qui ont envahi une porcherie afin de dénoncer la cruauté envers les bêtes. Leur geste supposément sauveur aurait plutôt nui davantage aux animaux qui se sont retrouvés exposés à de nouvelles maladies.
Il y a aussi ces groupes obscurs qui ont récemment visé quelques restaurants tels que Jos Beef, Manitoba et le bar à vin Mon lapin.

Et puis, aux Explorateurs culinaires, nous avons reçu quelques commentaires à la suite de la publication de notre dossier de la semaine dernière sur les 40 ans de déni des États-Unis, dont Pierre qui s’est désabonné, en mentionnant que notre position anti-viande « frisait le fanatisme », et il y a eu aussi le loquace « Mathamore Dan », sur Facebook, qui s’est contenté de simplement écrire « hoax » pour commenter l’entrevue.
Rajoutez à cela une station de radio montréalaise qui voulait soudainement nous avoir en ondes pour absolument prendre position sur les manifestations véganes (et non pour parler de notre dossier) et vous comprendrez qu’être végé avait le dos large cette semaine.

Alors on voulait juste prendre le temps de partager un peu nos pensées à ce sujet.

Primo, à notre cher ex-lecteur qui nous trouve fanatiques, et à Mathamore Dan qui a pris le temps d’exprimer si éloquemment sa pensée profonde, on tient à rappeler que le dossier d’enquête que nous vous avons présenté était basé sur des faits, juste des faits, avec documents à l’appui.

On aurait pu en rajouter d’autres, comme le fait que l’Organisation mondiale de la santé a déclaré la viande rouge « possiblement cancérogène » en 2015 et les charcuteries « cancérogènes ».

Ou encore le fait que le National Geographic,en 2005, a identifié les cinq régions sur Terre qui avaient la plus haute concentration de centenaires, les Blue Zones. Surprise : les cinq populations suivent toutes un régime presque exclusivement à base de plantes.  La réalité est qu'on pourrait vous en citer une tonne.

Et bien qu’on soit sensible au triste sort de ces millions de pauvres bêtes qui, on le soupçonne, doivent bien se demander quelle âme nous habite pour qu’on se nourrisse d’une telle cruauté, il est clair qu’on s’oppose à tout genre d’acte de violence ou de vandalisme pour soi-disant passer un message.

Par conviction morale profonde, certes, mais aussi pour une raison pragmatique : historiquement, ce genre de frasque ne fait rien de bon, ne change rien, ne mène à rien et ne fait que polariser au lieu de sensibiliser. On n'amorce pas un dialogue avec une menace.

Mais s’il y a une violence à dénoncer, c’en est une plus insidieuse et sournoise : celle du silence face, justement,  à toutes ces études, ces faits, ces recherches qui existent, de sources crédibles, sur tous les méfaits et dangers que représentent une alimentation animale pour notre santé collective ; sur les liens toujours plus étroits qu’on tisse entre les produits animaux et le cancer, les maladies du coeur, le diabète et même l’Alzheimer.

La violence du silence de nos autorités publiques à ce sujet — santé, éducation, agriculture  — est carrément incompréhensible, surtout quand l’obésité abdominale touche maintenant 40 % des Québécois adultes, que le cancer et les maladies du coeur demeurent les deux plus grandes causes de décès au Québec, et que notre modèle agricole devient insoutenable pour la planète.

Oui, on comprend les manifestants qui osent soulever la question « Vous n’êtes pas tannés de tuer ? ». 


Mais pour vraiment faire avancer les choses, pour un vrai changement de société, il faudrait avant tout réévaluer ce qu'on mange et se poser la vraie question : « On est pas tanné de mourir ? » 

(Publié le 31/01/2020)

POUR UNE LAITUE PROPRE PROPRE PROPRE

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Voici donc quelques conseils rapides pour vous assurer que votre laitue ne vous tue pas :

  • + Autant que possible, achetez une laitue entière. Lorsque vous achetez des mélanges (ou mix comme disent les Français), ces laitues ont été manipulées plusieurs fois et sont souvent composées de laitues provenant de différents endroits, augmentant ainsi le risque de contamination. C’est mathématique. Apparemment.
  • + Si possible, pensez local. Grâce à l’hydroponie et/ou la production en serres, on peut désormais acheter de la laitue made in Quebec durant l’hiver. Les serres Mirabel offrent de laBoston ou la Fleur de Mirabel pendant que les fermes Lufa ont toute une gamme de laitues et des points de chute un peu partout en province.
  • + Garder toujours votre laitue au frigo. Les bactéries, comme les siestes et les soupirs, se multiplient à la chaleur.
  • + En plus de bien laver votre laitue à l’eau froide, trempez-la dans de l’eau vinaigrée pendant une dizaine de minutes. Pour divertir les enfants, ajoutez du bicarbonate de soude. Magie.(Publié le 31/01/2020)

LAITUE ROMAINE & LA BACTÉRIE E. COLI

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Puisqu’on est dans la saison des virus et des contaminations, on en profite pour faire le point sur un aliment qui nous a causé sa part de malaises cette année : la salade romaine.

En effet, Santé Canada vient tout juste de lever son alerte sur la dernière éclosion de bactérie E. coli liée à la laitue romaine contaminée provenant de la région de Salinas, en Californie, ce qui soulève la question : coudon, comment se fait-il que la laitue romaine soit si problématique ?

Le diable est aux vaches

Oui, il y a le fait qu’on mange la laitue crue (à moins d’être vraiment fancy) ce qui fait qu’on ne peut pas neutraliser une bactérie sournoise qui peut s’y cacher en la cuisant.

Et il y a la quantité rocambolesque de laitue romaine qu’on bouffe ; elle représente à elle seule près du tiers de toute la laitue consommée aux États-Unis, avec un million de tonnes produites par année.

Car vous vous en doutez, la laitue romaine que vous trouvez en magasin en hiver provient majoritairement de la Californie ; elle est normalement plantée en août et récoltée en octobre.

Et une des raisons pour laquelle on installe des clôtures de huit pieds autour des périmètres de ces terres de laitues avec des sentinelles postées à des endroits stratégiques n’est pas d’empêcher l’arrivée de voleurs ou vandales végés mais plutôt d’animaux ; une bouse intrusive d’un animal égaré peut venir bousiller une récolte rapidement.

Mais le scénario de contamination à répétition soulève un problème à la fois endémique et énorme : la contamination des cours d’eau par les éleveurs de bétail avoisinants ; eau qui est par la suite utilisée pour arroser la laitue ; laitue qui se retrouve sur un camion puis au Super C de Laval et qui envoie Matante Lucille à l’hôpital deux semaines pendant les Fêtes.
Si vous avez encore des images bucoliques de vaches qui trottent allègrement dans de grands pâturages verdoyants de la Californie, du genre Heidi rencontre la Vache qui rit, on vous ramène tout de suite sur le plancher des vaches.
Aux États-Unis, le problème de contamination des eaux est majeur et attribuable à l’ampleur des « CAFOs » — un acronyme pour Concentration Animal Feeding Operations —, des camps de concentration animaliers, gigantesques et industriels qui peuvent héberger des centaines à des millions d’animaux, pour maximiser leur croissance. (Au Canada, on les appelle des « Opérations d’élevage intensif. »)

Leur empreinte écologique est si déconcertante que le sénateur Cory Booker propose une nouvelle loi pour les éliminer graduellement d’ici 2040.

Et ce genre d’opérations n’est pas étranger chez nous puisque selon le Sierra Club, on estime que les huit millions de porcs en Ontario produisent deux fois plus d’eaux usées brutes (ce qu’on appelle affectueusement du raw sewage) que l’ensemble de la population humaine de la province de l’Ontario.

Donc, malgré la récente implantation de nouveaux protocoles agricoles en Californie qui exigent que les eaux utilisées pour arroser la laitue soient testées quatre fois durant une culture, disons que le risque de contamination sera toujours présent, vu que la cause de la dernière éclosion n'a jamais vraiment été identifiée. 
En effet, lors de l'enquête, les chercheurs se sont finalement butés à… une loi américaine qui interdit les accès aux CAFOs.

Vous excuserez le jeu de mots, mais c’est vraiment le bout de la marde.

(Publié le 31/01/2020)

SUPPLÉMENTS ALIMENTAIRES : ÇA FAIT QUOI AU JUSTE?

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Ils promettent un teint plus clair. Une résistance aux virus. Plus d’énergie. Des cheveux. L’industrie des suppléments alimentaires en ratisse plutôt large avec ses promesses grandioses, si bien qu’elle représente une industrie de 35 milliards $ aux États-Unis et 3,3 milliards $ au Canada (2018). Le problème : ces suppléments ne font, en réalité, pas grand-chose. C’est ce que rapporte la chroniqueuse Tamar Haspel du Washington Post,qui s’est penchée sur le dossier cette semaine.
La liste est courte 

Selon les experts cités dans l’article, il y a certains suppléments « naturels » qui fonctionnent, mais disons que la liste est plutôt courte. Par exemple, le gingembre pour la nausée. La mélatonine pour le sommeil. La menthe poivrée pour les troubles digestifs. Les huiles de poisson semblent avoir un effet, mais les résultats sont contradictoires. Ceux qui n’ont rien prouvé : le curcuma. Le ginkgo. L’échinacée. Entre autres.
Du côté des vitamines et minéraux, il y a aussi l’acide folique qui réduit le risque de malformations du tube neural fœtal. Et la vitamine B12, qui fournit une vitamine essentielle pour les véganes et non véganes.

Mais lorsque la journaliste demande à une représentante de l’industrie des suppléments alimentaires de lui citer une étude scientifiqueindépendantequi vient appuyer les bienfaits de la prise de suppléments, la réponse vaut à elle seule 35 milliards $.

Il n’y en a pas.

Autrement dit : il n’existe aucune étude scientifique indépendante et sérieuse qui prouve que prendre des suppléments alimentaires a un effet bénéfique sur la santé.
Mais le contraire est hélas vrai, car certaines vitamines que l’on peut croire inoffensives peuvent avoir l’effet contraire. Par exemple, dans des essais cliniques, le bêta-carotène a augmenté le risque de cancer du poumon chez les fumeurs et la vitamine E a augmenté le risque de cancer de la prostate. Trop de fer peut être mortel.

Bref, en se gavant de suppléments pour régler un problème, on risque d’en causer un autre beaucoup plus sérieux.

On rappelle que la meilleure façon d’aller chercher tout ce dont on a besoin est d’avoir une alimentation diversifiée et principalement végée. Et qu’il est toujours préférable de consulter un médecin avant de se lancer dans ce qui peut être un petit pot sans fin.
Et même si Santé Canada garde un oeil sur tous les produits naturels en les homologuant avec un code spécial que l’on peut retracer sur une base de données sur le web, on vous laisse avec cette note savoureuse qui se trouve sur le site du ministère de la Défense du gouvernement du Canada, qui met en garde ses troupes :
« Malheureusement, les travaux de recherche démontrent qu’il existe peu de preuves, voire aucune, que la grande majorité de ces produits sont véritablement efficaces ; certains pourraient même s’avérer nocifs ! »

(Publié le 31/01/2020)

La malbouffe nous rend gros via le cerveau

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Parlant obésité : des chercheurs de l’Université de Virginie se sont penchés sur le comment plutôt que le pourquoi. On sait tous que la malbouffe est nocive, qu’elle fait engraisser, mais comment opère-t-elle sur notre cerveau et notre système pour nous amener là ?

Les grandes lignes
À prime abords, l’étude a identifié deux éléments clés dévastateurs et ravageurs qui, au fil du temps, « entraînent l’obésité et des problèmes de santé » : le grignotage à n’importe quelle heure et la disponibilité constante de la malbouffe, 24/7.

Autrement dit, si vous y avez accès ou que vous en avez, vous allez probablement en manger — toute personne qui a déjà tenté la mission impossible de manger « seulement une poignée de Doritos » le sait.

Mais voilà que le timing est aussi important, car quand on mange des cochonneries n’importe quand, on vient du même coup complètement dérégler notre horloge interne avec une charge inattendue de dopamine au cerveau. Du moins, c’est ce que les chercheurs ont pu observer sur les pauvres rats qui ont fait l’objet de l’étude.

« Quand vous mangez est tout aussi important que ce que vous mangez » résume assez bien le professeur de biologie Ali Güler, qui a mené l’étude.

Bref, lorsque ces aliments, toujours disponibles et instantanément gratifiants, sont consommés à des moments étranges (par exemple, à 23 h 37 en visionnant en rafale The Office sur Netflix), ils perturbent nos rythmes naturels de nourriture et de sommeil, ce qui mène… à une surconsommation de nourriture.

On pourrait presque appeler cela un cercle odieux.

(Publié le 17/01/2020)