Consternation en Montérégie cette semaine alors qu’un apiculteur de la région perdait pas moins de 600 ruches, soit l’équivalent de millions d’abeilles.

Les maudits pesticides néonicotinoïdes seraient en cause, et le gouvernement du Québec, selon les dires du ministre de l’Agriculture André Lamontagne en entrevue, ouvrirait une enquête pour obtenir plus de détails.

Mais ce qui est le plus surprenant dans cette triste nouvelle n’est pas de voir un pauvre apiculteur se retrouver un matin confronté à une plaie d’Égypte alors qu’une pluie d’abeilles mortes envahit ses champs.

Non, ce qui est le plus incroyable c’est que, devant l’étendue du problème qui n’est certes pas nouveau, on soit toujours incapable de s’activer afin de protéger ces indispensables créatures une fois pour toutes.

Des exemples ?

  • + En 2018, on rapportait déjà un désastre écologique dans les populations d’abeilles si bien qu’on estimait la perte de la moitié des abeilles au Canada.
  • + En 2019, un nouveau rapport du Ministère de l’Environnement du Québec révélait une « augmentation significative » de la présence de pesticides, comme le glyphosate et les néonicotinoïdes, dans les rivières de la province.
  • + Et finalement, plus tôt cette année on vous parlait de la Commission de l’agriculture, des pêcheries, de l’énergie et des ressources naturelles (CAPERN) qui déposait un rapport au gouvernement, avec 32 recommandations visant les pesticides. Même si certains intervenants à la commission refusaient de faire un lien entre les pesticides et le déclin des abeilles, on mentionne quand même dans le rapport qu’« il ressort des témoignages, des mémoires et des autres documents reçus plusieurs exemples de liens entre l’exposition aux pesticides et des effets nocifs, notamment, sur la faune vertébrée et invertébrée (par exemple, amphibiens, abeilles et invertébrés aquatiques) ».

Et comme on le rapportait l’an dernier, la menace pour les abeilles est mondiale.

Bref, on a beau se targuer de vouloir réinventer la ferme avec une nouvelle politique agricole, de revoir nos techniques d’agriculture et notre relation avec la Terre ; et on a beau se croire bon avec toute l’innovation technologique du monde pour faire pousser nos légumes à longueur d’année dans l’eau, dans les airs ou sur des toits.

Mais plus du tiers de notre bouffe dépend directement des pollinisateurs.

Donc, si on n’a plus d’abeilles, tout ça n’est que du vent. Et tout cela part au vent, aussi.

(publié le 12/06/ 2020)