Petit retour rapide (promis) sur l’étude controversée sur la viande publiée la semaine dernière. On se souviendra qu’un groupe de chercheurs avait foutu un joyeux bordel dans le monde de la nutrition, de la science et de l’alimentation avec une étude dans le Annals of Internal Medicine qui concluait que les gens pouvaient continuer à manger de la viande rouge et des charcuteries sans trop se préoccuper de leurs effets sur la santé.

Le New York Times s’est penché de plus près sur l’identité des chercheurs — et surtout l’auteur principal Bradley Johnston, de l’Université de Dalhousie, à Halifax.

Johnston a indiqué sur un formulaire de divulgation requis lors du dépôt de l’étude qu’il n’avait aucun conflit d’intérêts à signaler au cours des trois dernières années.

Toutefois, il appert qu’en décembre 2016, il était l’auteur principal d’une étude similaire qui tentait de discréditer les directives entourant la réduction de consommation sucre. 

Également publiée dans les Annals of Internal Medicine,l’étude avait été financée par l’International Life Sciences Institute (ILSI), ce groupe obscure dont on vous parlait récemment qui est soutenu par des entreprises agroalimentaires comme McDonald’s, Coca-Cola, PepsiCo et Cargill, l’un des plus importants transformateurs de boeuf en Amérique du Nord.

Bien que l’étude ait été publiée dans la période de trois ans, Johnson a soutenu qu’il a reçu l’argent d’ILSI en 2015 et qu’il n’était donc pas tenu de la déclarer.

« Cet argent datait de 2015, donc c’était en dehors de la période de trois ans pour la divulgation de conflits d’intérêts », a déclaré Johnston au New York Times.« Je n’ai aucune relation avec eux ».

(Publié le 11/10/2019)

Ce qui nous amène à Monsanto, la compagnie qui a créé et commercialisé le Roundup.  Après avoir perdu trois procès consécutifs en Californie qui pourraient désormais leur coûter plus de 2 milliards de dollars en dommages pour avoir causé des formes de cancer chez ses utilisateurs, voilà que les problèmes juridiques prennent une ampleur mondiale, ce qui est somme toute logique puisque le produit est disponible dans 130 pays.

+ Au Québec, une première demande d’autorisation d’action collective contre Monsanto a été déposée le mois dernier, de même qu’une autre en Saskatchewan.

+ Et on apprenait la semaine dernière qu’un jardinier en Australie intentait aussi une poursuite contre le géant agrochimique, toujours pour les mêmes raisons.

Réactions de Monsanto :

On passe à un autre appel : Les avocats de Monsanto, qui ont passablement de la broue dans le toupet par les temps qui courent, entendent continuer la lutte et porter les jugements en appel, rappelant que l’Agence de protection de l’environnement américaine (EPA) a déjà conclu qu’il n’existait pas de lien clair entre le glyphosate et le cancer.

Infiltration et influence : Pendant les récents démêlés juridiques de Monsanto en Cour californienne, une supposée journaliste pigiste de la BBC qui couvrait le procès s’est avérée, en fait, être une employée de la firme de relations publiques FTI, qui compte parmi ses clients… Monsanto. Sa mission (qu’elle a visiblement acceptée) : infiltrer les médias, prendre le pouls de l’opinion publique et tenter d’influencer les reportages en faisant subtilement valoir le point de vue de la compagnie auprès des médias.

Morale de l’histoire : Après avoir manipulé la génétique en créant des semences qui sont résistantes à un herbicide possiblement toxique, il semblerait que Monsanto tente désormais de manipuler le message toujours dans le but de nous faire avaler n’importe quoi.

(Publié le 14/06/2019)