Des films comme « 12 Monkeys » à « World War Z », en passant par « La Peste » de Camus, cela fait un maudit bout qu’on nous prédit une pandémie.
Et ce n’est pas comme si on n’avait pas eu notre lot de lumières rouges qui se sont discrètement mises à flasher sur notre tableau de bord collectif au cours des dernières années.
Il y a eu des micro-organismes aux noms franchement laids comme le SRAS en 2003 et le MERS en 2012.
Et il y a eu aussi, en 2009, le H1N1, au nom beaucoup plus techno.
Tous des virus contagieux et meurtriers.
Et curieusement, une fois qu’ils se sont estompés, tous des virus qui ont été rapidement oubliés et évacués de notre conscience, comme de vulgaires erreurs de parcours qu’on cherchait à effacer sur le CV de l’humanité.
Mais l’ironie dans tout cela est que ces virus, toujours plus résilients et contagieux, étaient non seulement des maladies modernes et de sérieux avertissements qui provenaient du monde animal, mais aussi des effets secondaires de notre vie moderne ; vous savez, cette belle vie 3.0, où le monde est dans la paume de notre main, où la mondialisation n’a plus de limites, où le développement et la croissance se fait à tout prix, où on bouscule et bouleverse le monde végétal et animal pour faire toujours plus vite et voir plus gros, sans trop penser aux conséquences.
Et bien justement : voilà qu’une bibitte qui traînait sur une chauve-souris vivante dans une cage dans un marché à ciel ouvert en Chine est venue (encore une fois) nous rappeler à l’ordre, cette-fois en ce propageant à une effroyable vitesse 5G, nous forçant enfin à complètement repenser notre quotidien, nos priorités, nos habitudes et nos vies.
Bref, on ne sait pas trop comment tout cela va finir, et on déplore évidemment les morts et les torts que tout cela cause, mais si ce mystérieux agent infectieux nous force subitement à ralentir un peu, à rester plus souvent à la maison, à manger plus souvent entre nous et à être plus attentifs envers nos proches et à nos milieux de vie, à nous responsabiliser dans nos gestes et à nous sevrer un peu de cette dépendance démesurée qu’on a au sport, au divertissement et à la mondialisation — on se dit qu’il était peut-être temps.
On espère juste qu’il ne soit pas trop tard.
(Publié le 13/03/20)