Avec des ventes mondiales de 97 milliards $ — dont 5,4 milliards $ au Canada —, on peut dire que le marché bio se porte plutôt bien.
Mais est-ce que manger bio nous fait du bien pour autant ? C’est la question que se sont posée des chercheurs anglais et grecs qui viennent de publier un papier d’opinion sur le sujet sur le site Science Direct.
Et leur constat est plutôt mitigé.
Primo, il ne fait pas de doute que manger bio nous épargne des pesticides toxiques et nocifs, ce qui est décidément juste et bon.
Comme le soulignait l’agriculteur bio Francois Tanguay lors d’une récente entrevue avec nous, on parle ici de « molécules qu’ils ont développées par des procédés chimiques qui ont coûté une fortune et qui sont non seulement toxiques, mais elles sont aussi persistantes dans l’environnement, elles ne se décomposent pas et laissent des traces ».
Toutefois, les chercheurs soulignent que manger bio n’est pas LE seul facteur qui peut garantir une meilleure santé, car d’autres forces sont à l’oeuvre dans les nombreuses études analysées.
Des exemples qui contribuent à brouiller la piste bio :
- + Les gens qui mangent bio mangent plus de fruits, de légumes et de produits de grains entiers et ont une plus faible consommation de viande, comparativement aux autres.
- + Ils mangent aussi moins d’aliments transformés et pourraient donc être moins exposés aux additifs ou à toute cette belle scrap (pour utiliser un terme technique) qu’on retrouve hélas aujourd’hui dans notre nourriture moderne.
- + Et finalement, les consommateurs de nourriture bio sont en général plus actifs physiquement et moins susceptibles de fumer.
Conclusion des chercheurs : la seule façon de déterminer avec précision l’impact du bio serait de mener des études « en double aveugle » qu’on fait souvent en médecine, où l’on prend deux groupes dont le premier est nourri avec des aliments conventionnels et l’autre avec des aliments bio, sans que personne sache qui reçoit quoi.
Petit message aux chercheurs : quand on voit l’impact qu’a eu récemment le glyphosate sur la santé de certains jardiniers et agriculteurs, disons qu’on « respecte leur opinion »… mais on préfère ne pas courir le risque.
(Publié le 29/11/2019)