Reportage : Terra Café

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Parlant cafĂ© : On a tous entendu l’histoire du berger yĂ©mĂ©nite qui, un soir, aurait aperçu ses chĂšvres manger ces mystĂ©rieuses baies rouges pour ensuite les regarder grimper aux arbres en bĂ©guetant du Joe Dassin. Mais que sait-on vraiment du cafĂ© Ă  part qu’il est souvent trop chaud et plutĂŽt fade chez Tim Hortons? Comment reconnaĂźt-on un bon cafĂ©? Et les chĂšvres peuvent-elles vraiment grimper aux arbres? Les Explorateurs ont rencontrĂ© Carlo Granito de CafĂ© Terra pour en savoir plus sur le sujet.

L’entrevue sĂ©rieuse : James Kennedy

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Dans notre monde alimentaire de plus en plus technologique et chimique, James Kennedy livre un message aux antipodes de la tendance bio actuelle  — ce qui est peut-ĂȘtre prĂ©visible, puisqu’il vit en Australie. Professeur de chimie et auteur du livre Fighting chemophobia, il a notamment attirĂ© l'attention en publiant sur son blogue des fiches alimentaires de produits naturels comme la banane, le kiwi ou les bleuets— avec leur liste complĂšte des composantes chimiques. Son message est Ă  la fois percutant et controversĂ© : notre monde entier est «chimique», donc il faut ne faut pas nĂ©cessairement capoter en voyant des gros mots sur nos Ă©tiquettes. Tout est dans le dosage. Et, toujours selon le professeur, notre phobie des produits chimiques et des pesticides est dĂ©mesurĂ©e. Les Explorateurs culinaires l'ont rejoint Down Under pour obtenir un point de vue qu'on pourrait qualifier de diffĂ©rent. Vraiment. À vous de juger.

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Vous dites que notre préoccupation collective concernant les produits chimiques dans notre alimentation est irrationnelle


Oui, elle l’est. La chimiophobie est une aversion ou peur des produits chimiques qui sont perçus comme toxiques, synthĂ©tiques ou autre. Ces types de phobies s'apparentent davantage Ă  une personne devenue islamophobe en regardant une chaĂźne de nouvelles particuliĂšre ou homophobe en Ă©tant exposĂ© Ă  des messages particuliers. La bonne nouvelle c’est qu’il ne s’agit pas d’une vĂ©ritable phobie clinique. En modifiant la qualitĂ© de l’information que nous diffusons et en aidant Ă  mieux communiquer avec les gens, en leur enseignant la science et la chimie, nous pouvons rĂ©ellement aider les gens Ă  surmonter cette phobie, pour qu’ils se sentent mieux. Parce que le terme «chimique» est si vaste qu’il englobe littĂ©ralement tous les objets physiques de l’univers. Cela n’a aucun sens de juger de la qualitĂ© ou de la sĂ©curitĂ© d’un aliment en utilisant ce terme. Et en plus de la substance, il y a son utilisation, son dosage - on ne peut donc pas l’utiliser pour juger si tout sur Terre est «bon» ou «mauvais».
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Mais la nourriture est un Ă©lĂ©ment vital, n'est-il pas normal d'ĂȘtre prĂ©occupĂ© par la façon dont elle est produite?

 

Historiquement, produire et consommer notre propre nourriture faisait partie intĂ©grante de nos vies de village. C’est une chose humaine qui remonte au dĂ©but de l’agriculture. Toutefois, nous constatons aujourd’hui une tendance intĂ©ressante dans certains pays dĂ©veloppĂ©s — aux Royaume-Uni, aux États-Unis en Australie et en Nouvelle-ZĂ©lande, notamment — oĂč nous nous dĂ©tachons volontairement de la maniĂšre dont nous produisons notre nourriture. Par exemple, nous ne voulons pas manger de la nourriture qui ressemble trop Ă  des animaux, nous ne voulons pas manger de poissons ou de poulets avec la tĂȘte, nous sommes devenus un peu dĂ©daigneux, ce qui est Ă©trange car la plupart des autres pays ne le sont pas. C'est une tendance dans certains pays de l'Occident et c’est justement ces pays plus «dĂ©licats» qui sont les plus chimiophobes. Ils ont cette Ă©trange attitude envers la nourriture : elle doit ĂȘtre propre et clinique, mais elle doit aussi ĂȘtre naturelle en mĂȘme temps, et ils ne sont jamais satisfaits tant que ces critĂšres ne sont pas remplis. Donc, oui, il Ă©tait naturel d’ĂȘtre prĂ©occupĂ© par les origines de notre nourriture, mais plus maintenant. Nous ne voulons pas savoir. Je ne suis donc pas surpris que nous soyons non seulement dĂ©goĂ»tĂ©s du fait que nous abattions des animaux mais aussi que nous ajoutions des produits chimiques Ă  nos aliments. Et tout cela, pour aucune raison valable.
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Vous avez dĂ©jĂ  mentionnĂ© que les grandes entreprises sont les mieux placĂ©es pour Ă©tudier et tester leurs pesticides. Les rĂ©cents jugements contre Monsanto dĂ©montrent pourtant que la compagnie n’a pas averti les consommateurs des risques de cancer et qu’elle a agi avec nĂ©gligence. Comment rĂ©conciliez-vous cela?

 

Toutes ces poursuites ont eu lieux aux États-Unis. Pendant ce temps, au Canada, qui a une culture similaire et environ le dixiĂšme de la population, il n’y a eu aucun procĂšs. (Note des Explos: une premiĂšre demande d'autorisation d'action collective contre Monsanto a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e hier au QuĂ©bec, et une autre en Saskatchewan la semaine derniĂšre.) Les amendes et les paiements exigĂ©s sont astronomiques, et n’ont pas vraiment de sens. Je pense que nous devons reconnaĂźtre que le systĂšme juridique — et le systĂšme politique aux États-Unis — est quelque peu brisĂ©e, et dĂ©tachĂ©e de la science. C'est une tendance inquiĂ©tante aux États-Unis, mais ce n'est pas un reflet de la science. Maintenant, lorsque ces causes seront portĂ©es en appel, je vous garantis que les jugements seront renversĂ©s, mais cela ne fera pas nĂ©cessairement la nouvelle. L’histoire de David contre Goliath est plus intĂ©ressante. Alors oui, je pense que les dĂ©cisions ne sont pas basĂ©es sur la science et qu’elle seront finalement renversĂ©es. Parce que si nous suivons cette logique, nous nous retrouverons dans 10 ou 20 ans avec des poursuites contre tous ceux qui ont dĂ©jĂ  cultivĂ© des fines herbes - car elles contiennent Ă©galement des substances cancĂ©rigĂšnes. Le chou, le cĂ©leri — cela va finir oĂč ? Cela devient simplement ridicule.
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Les agriculteurs biologiques utilisent-ils des pesticides?

 

Bien sĂ»r. PremiĂšrement, les plantes elles-mĂȘmes produisent 99,99% des pesticides que nous ingĂ©rons quotidiennement et il n’existe aucun moyen de les Ă©liminer. Ce sont des armes chimiques naturelles produites par les plantes car elles ne peuvent fuir les insectes ni les prĂ©dateurs. Ces pesticides naturels sont donc toujours prĂ©sents, quelle que soit la provenance ou la culture, de maniĂšre conventionnelle ou biologique. Les agriculteurs biologiques pulvĂ©risent-ils des pesticides supplĂ©mentaires? Oui ils le font. Et dans certains cas, les pesticides sont tout aussi toxiques que les pesticides synthĂ©tiques utilisĂ©s dans les fermes conventionnelles. Mais cela ne devrait cependant pas nous inquiĂ©ter, car les doses sont rĂ©glementĂ©es et testĂ©es. Celles-ci ont fait l'objet de nombreux tests et, s'il est vrai que les fermes biologiques utilisent gĂ©nĂ©ralement moins de pesticides, ils ne montrent aucun effet secondaires sur la santĂ©. En fait, cela contribue Ă  amĂ©liorer les rendements, et aucune diffĂ©rence nutritionnelle n’a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ©e entre les cultures d’agriculture biologique et conventionnelle.
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Quelle est LA chose que vous voulez que nos lecteurs retiennent au sujet des produits chimiques et des aliments?

 

Utilisez tout selon le mode recommandĂ© et aux doses prĂ©vues. Tout est toxique, allergĂšne ou cancĂ©rigĂšne Ă  des doses ridicules. Cela inclut le pain, les bananes, l'eau, le cafĂ©, les pesticides ... tout. Faites toujours confiance Ă  votre professionnel de la santĂ©, qui est de loin la source d’information mĂ©dicale la plus fiable. Enfin, sachez que les entreprises, particuliĂšrement les jeunes entreprises et leur force de marketing, se livreront Ă  l’acte hautement irresponsable d’utiliser des terme comme «naturel» comme substitut pour «sĂ©curitaire et efficace». Un produit «naturel» ne dit rien sur sa sĂ©curitĂ© ou son efficacitĂ©. L'arsenic, la botuline, la variole, le mercure sont tous naturels mais sont hautement toxiques. Les produits «naturels» ne sont donc pas nĂ©cessairement meilleurs ou pires que les produits conventionnels. Ne vous laissez pas avoir par ces revendications douteuses. Le monde est plus sĂ»r et plus propre aujourd'hui qu'il ne l'a jamais Ă©tĂ©. Enjoy it!

Le portrait en chiffres

2$ MILLIARDS

Somme que Monsanto a été condamné à payer, le 13 mai dernier, à un couple septuagénaire atteint du cancer, en Californie.

2 153

Nombre d’entreprises agricoles avec la certification biologique au QuĂ©bec (comparativement Ă  1 025 en 2006).

10 466 753

Ventes totales, en kilogrammes, de pesticides au Québec en 2017, une diminution de 1,3 % par rapport aux ventes de 2016.

13

Députés du Québec qui questionneront, en commission parlementaire à la fin mai, Santé Canada qui homologue les pesticides au pays, parfois en se basant uniquement sur les études fournies par les fabricants.

REPORTAGE : CABANE DU PICBOIS

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Pour la semaine de relĂąche, on vous propose un retour Ă  la nature avec une activitĂ© purement quĂ©bĂ©coise. AprĂšs Plume, la poutine, et ce besoin innĂ© de chialer sans pour autant faire avancer les choses, il n’y a vraiment rien de plus QuĂ©bĂ©cois qu’une bonne vieille cabane Ă  sucre. Mais Ă  l’image de notre sociĂ©tĂ© distincte, ces Ă©tablissements — il y en a plus de 200  au QuĂ©bec — deviennent de plus en plus commercialisĂ©s avec des tours de calĂšche aux quarts d’heure, des manĂšges enchanteurs et des soirĂ©es karaokĂ©. On se permet de vous en suggĂ©rer une qui nous a charmĂ©s : la Cabane du Pic Bois, qui prend encore le temps de faire son sirop Ă  l’ancienne, de façon juste et bien, grĂące surtout Ă  la passion inĂ©galĂ©e d’AndrĂ© Pollander.

(Publié le 28/02/2019)