La nature a ce don magique de bien faire les choses, ce qui explique à la fois pourquoi un néophyte peut facilement réussir son jardin du premier coup et pourquoi la plus obscure des plantes peut pousser dans des craques d’asphalte d’une cour d’école à Ville-Émard. Mais avant que la nature prenne en main votre jardin, encore faut-il avoir le doigté pour bien semer.

Réussir ses semis c’est comme réussir un référendum : il faut savoir réunir les conditions gagnantes pour arriver à ses fins. Terre, eau, soleil et chaleur sont tous des éléments essentiels, qui ne sont pas évidents au Québec, ce qui explique peut-être pourquoi le référendum à aussi foirer à deux reprises. Mais restons sur le sujet.

Quelques trucs et conseils pour réussir ses semis

Vérifier la date

Le semis est l’opération de mettre en terre la graine d’un légume ou d’un fruit. Car sachez que dans cette petite coquille microscopique repose toute l’énergie, la vitalité et la force d’un beau légume — ou pas, si la graine est expirée. Donc il est toujours bon de vérifier la date d’expiration sur le sachet. Toutefois, une fois la date passée, il se peut que certaines graines soient encore « vivantes » — la vie n’est pas une science exacte. Pour vérifier, vous pouvez simplement mettre dix graines dans un papier essuie-tout humide et vérifier combien d’entre elles germeront après quelques jours. Multipliez par 10, et vous aurez le taux de germination (approximatif) de votre sachet de semis. Tous ensemble : Vive les maths !

Au clair de la lune

Si vous plantez vos semis directement en terre, sachez que les vieux Italiens du coin ne jurent que par la lune. En effet, selon certaines croyances ancestrales, il y aurait des moments idéaux pour mettre une graine en terre, et même pour récolter certains aliments, selon le type de légume, toujours dépendant du stade de la lune. Science ancestrale ou Jojo Savard qui est littéralement dans le champ ? On oserait renier des siècles de croyances paysannes de peur de recevoir un sort qui nous rendrait soudainement borgnes et hirsutes ou pire, animateurs de quiz télévisé italien, alors on préfère prendre la sortie facile, côté jardin, en vous soumettant simplement ce lien. À vous de juger.

Il est préférable d’attendre après la Reine (ou les patriotes) pour semer en terre

Règle générale, au Québec, on vous conseille fortement de ne rien mettre en terre à l’extérieur avant la fête de la Reine, qui tombe le 18 mai cette année. Ce n’est pas par respect pour Sa Majesté, mais plutôt pour le mercure : le 8 mai, l’an dernier, il a quand même fait 2 degrés la nuit à Montréal, donc rien de trop chaleureux pour inspirer une germination souterraine. On peut planter en avril si on a des bacs à jardin couverts. Une serre. Ou si on vit ailleurs.

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On gagne du temps en démarrant cela avant

Toutefois, rien ne vous empêche de braver et baver les éléments en démarrant vos semis à l’intérieur, de 4 à 6 semaines avant la Journée des patriotes (donc, pas mal là-là). Un bon terreau — et non de la terre de votre jardin — des récipients professionnels ou improvisés, comme des cartons d’œufs vides, et une fenêtre ensoleillée feront l’affaire. Si vous êtes sérieux, vous pouvez investir dans une lampe DEL qui offrira un spectre complet à vos semis, et qui pourra aussi vous réconforter ces sombres soirées de février, alors que vous regardez le givre de votre fenêtre de sous-sol, une bouteille de Johnny Walker Black à la main, en écoutant du Devo. Par exemple.

Restez terre-à-terre

Les semences représentent un marché de 66,9 milliards $ sur la planète, ce qui est quand même beaucoup d’argent pour quelque chose qui peut rester pogné entre vos dents. Ou qui est naturellement gratuit. Vous comprendrez qu’on parle ici des géants de l’agroalimentation du type Bayer-Monsanto, qui domine le marché avec des ventes de 10,9 milliards $ en 2017, ainsi que d’autres compagnies aux noms suspects comme « Syngenta » ou encore « KWS ».

Mais pour votre petit coin de paradis, on vous propose deux compagnies plus accessibles, de chez nous, qui sont à la fois louables et remarquables : La Société des plantes et Le Jardin de l’écoumène, qui offrent une panoplie de semis ancestraux et de types de légumes qu’on ne trouve presque plus, du genre « Laitue Grosse Blonde Paresseuse » ou « Reine des glaces ».

Mais on vous avertit tout de suite, vu la forte demande, ils ont de la misère à fournir ces temps-ci ce qui, doit-on le rappeler, est une excellente nouvelle.

(Publié le 17/4/20)