En hommage à tout le gratin d’Hollywood qui se réunit dimanche pour le gala annuel des Oscars, on fait une pause de nos nouvelles alimentaires et culinaires habituelles, et on vous propose plutôt un menu de cinq films de bouffe alléchants et intrigants, qui méritent votre attention.
Documentaire de Kip Andersen et Keegan Kuhn (2017)
Documentaire-choc qui a été le début de la fin pour nous concernant la viande et les produits animaliers. En effet, sur un ton posé et zen, le cinéaste Kip Andersen passe l’industrie alimentaire dans le tordeur et nous fait découvrir le pan d’études scientifiques qui existent sur les dangers de la viande, tout en exposant les liens insidieux entre l’industrie agroalimentaire et les organismes gouvernementaux. L’entrevue avec le directeur général de l’American Diabetes Association qui refuse obstinément de parler d’un régime à base de plantes comme remède possible au diabète est un classique instantané. Le documentaire a créé tout un émoi lors de sa sortie et a été critiqué pour avoir tourné les coins scientifiques un peu ronds, mais il a le mérite de lever le voile sur des secrets bien gardés et aussi de nous exposer à quelques-uns des pionniers du végétalisme en médecine préventive comme le Dr Michael Greger et le Dr Neal Barnard (que nous avons d’ailleurs eu en entrevue).
Comédie de Stanley Tucci et Campbell Scott, avec Stanley Tucci et Isabella Rossellini (1996).
Dans les années 50, deux frères italiens en arrachent avec leur nouveau restaurant. Pour se sauver d’une faillite certaine, ils tentent le tout pour le tout en organisant une grande soirée, à laquelle est invité l’illustre chanteur de jazz Louis Prima. La bouffe dans ce film est mirobolante, les plats majestueux se succèdent à un rythme hallucinant. Le jeu des acteurs est subtil et discret, et Tony Shalhoub est désopilant dans le rôle du frère cuisinier puriste (Primo) qui refuse, par exemple, de servir son risotto avec du ketchup. Savoureux à tous les points de vue.
Drame historique d’Édouard Molinaro, avec Claude Brasseur et Claude Rich (1992).
Après la défaite de Napoléon, le politicien Talleyrand (le sublime Rich) et le chef de police Joseph Fouché (Brasseur) soupent ensemble pour discuter de l’avenir de la France. Toute personne qui aspire à être un acteur un jour — comme Tom Cruise par exemple — aurait intérêt à voir ce film pour bien saisir toutes les nuances et les subtilités du métier. Les dialogues de Jean-Claude Brisville, qui a adapté sa pièce de théâtre à l’écran, sont un festin pour l’ouïe. Rich, qui livre une performance exquise dans son rôle de parfait salaud et de maniganceur politique, a remporté le César du meilleur acteur pour sa prestation dans ce film.
Comédie dramatique de Gabriel Axel, avec Stéphane Audran et Jean-Philippe Lafont (1987).
Dans un petit village danois à la fin du XIXesiècle, une servante française en exil cause tout un émoi lorsqu’elle organise un festin. Un film de douceur et de rigueur qui, au-delà de la bouffe, parle de désirs interdits et de passions inassouvies. Mais lorsque cette pauvre communauté danoise, extrêmement religieuse, qui se tape du hareng salé 365 jours par année, voit soudainement débarquer des chaloupes de vins, de champagne, de truffes, de cailles et de sangliers, la piété cède à l’appétit. Impossible de voir ce film sans rêver de cailles sarcophages et autres délices. Le film a remporté l'Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1988.
Documentaire de Louie Psihoyos (2019).
On termine avec le dernier des documentaires sur le végétalisme, qui prend toutefois une tangente intéressante : l’effet végé sur les performances sportives de très haut niveau. Qu’ils soient joueur de la NFL, cycliste olympien, homme fort ou ultra-marathonien, on nous révèle, par l’entremise du vécu du combattant UFC James Wilkes, le secret que ces athlètes ont en commun : l’alimentation végée qui les aide à mieux performer.
Le film ose même affronter de plein fouet le mythe que « la viande est pour les vrais hommes virils » : on soumet des joueurs de football collégial à une expérience hilarante qui mesure la fréquence et le degré de leurs érections pendant la nuit, à la suite d’un repas végé ou à base de viande. La différence est, disons, assez probante, merci.
Mais au-delà des nombreux exemples stupéfiants — et réels — qu’il présente, The Game Changers a surtout le mérite d’être clair. Sans être moralisatrices, les explications des bienfaits d’une alimentation à base de plantes sont minutieusement illustrées par des animations 3D, avec de nombreuses preuves et recherches scientifiques à l’appui.
Même Arnold Schwarznegger, coproducteur du film, y fait son mea-culpa, avouant que le lien de virilité entre la musculation et la viande n’est que du « marketing, et ne correspond pas à la réalité ».
Bref, si vous n’êtes pas convaincu de manger moins de viande après ce film, allumez-vous une bonne cigarette, installez-vous sous votre lampe bronzante et relaxez-vous en savourant pleinement votre chip, votre hot-dog, votre liqueur et vos pop-rocks.
Parce que la vie sera toujours belle.
Ratatouille (2007) de Brad Bird, qui vient nous chercher à chaque fois. À. CHAQUE. FOIS.
Diner (1982) de Barry Levinson, pour ses conversations ridicules et mémorables qui ont valu au film l’Oscar du meilleur scénario original.
La Grande Bouffe (1973) de Marco Ferreri. Parce que.
Les Saveurs du Palais (2012) de Christian Vincent qui démontre que la simplicité et l'authenticité en cuisine sont toujours des valeurs sûres, même dans les plus hautes instances.