On en fait chaque année. Mais tout comme le confinement et la distanciation, on a visiblement de la misère à les respecter. Cette semaine aux Explorateurs culinaires, on sait pertinemment que la situation n’a rien de comique et que notre aventure collective se poursuit, mais pour essayer de commencer l’année du bon pied — si c’est encore possible — on vous propose six résolutions alimentaires, simples et efficaces. Que vous soyez végan, végé, omnivore ou tout simplement tanné, elles ont le pouvoir de changer votre vie. Bonne année quand même.

6 RÉSOLUTIONS POUR LA NOUVELLE ANNÉE

Bon, on ne vous annonce rien de fracassant avec ça, mais quand on lit que qu'il y a 1,7 million d'adultes obèses au Québec et que l'obésité et l'embonpoint touchent plus de 4 millions de Québécois, on se dit qu’on mange peut-être collectivement trop. Mais en plus de la quantité, il y a aussi la nécessité. Exemple : vous vous levez le matin et vous n’avez pas vraiment faim. Pourquoi déjeuner alors ? Parce qu’on ne peut sauter « le repas le plus important de la journée » ? Justement, quand on sait que l’importance capitale du petit déjeuner a été mise de l’avant par des scientifiques à la solde de Kellogg’s, on devrait peut-être moins prendre conseil d’une compagnie qui a comme porte-parole un tigre qui parle, et plus écouter notre for intérieur. Bref, mangez quand vous avez faim, et si vous n’avez pas faim, ne mangez rien. Mais on le sait, ce n’est pas si facile. Après tout, on est censé boire seulement quand on a soif et pourtant, la Société des alcools du Québec a engrangé un profit net de1,226 milliard $ en 2020. Et il n’y a pas eu de sécheresse pour autant.

Si autrefois on avait l’excuse du déplacement, du trafic, de ne pas trop savoir où aller pour s’approvisionner en légumes directement où ils poussent (quel concept), aujourd’hui la ferme québécoise est accessible à longueur d’année, dans la paume de votre main. En effet, on peut facilement soutenir nos agriculteurs en tout temps, acheter des beaux légumes frais — et aider le ministre de l’Agriculture André Lamontagne à faire croître l’autonomie alimentaire du Québec de 10 % au cours des prochaines années — avec quelques clics. Par exemple, il y a les fermes Lufa, qui font pousser une multitude de légumes frais et délicieux sur les toits de Montréal, en plus d’offrir une vaste gamme de produits de plusieurs producteurs. Vous commandez en ligne, choisissez le point de chute le plus près de chez vous… et c’est tout. Si vous préférez votre ferme moins en hauteur, il y a aussi la Coop Bio Locaux, qui est un regroupement de fermes québécoises qui offrent, sans intermédiaire, les meilleurs produits de leur terre 100 % biologiques et locaux, été comme hiver. Non seulement vous serez abasourdi par la richesse du goût des aliments (ce qui est franchement inquiétant, quand vous y pensez bien), mais vous y découvrirez des légumes plus méconnus comme la rabiole, la chicorée pain de sucre ou encore le rutabaga qui, incidemment, est aussi très prisé au Scrabble.

Dans la vie mouvementée de la prépandémie, manger était trop souvent l’équivalent de mettre du carburant dans son véhicule ; on faisait le plein, le plus rapidement possible (de préférence sans plomb), sans trop y penser, en fixant son regard ailleurs, en essayant de ne pas trop faire de dégâts. Ce qui est d’une tristesse absolue, surtout quand on pense à l’importance capitale que l’alimentation revêt dans nos vies et que, pendant ce temps, 820 millions de personnes ne mangent toujours pas à leur faim. Bref, maintenant qu’on a le temps, est-ce qu’on peut se rappeler que manger est à la fois une nécessité et un privilège ? Manger consciemment, c’est-à-dire prêter attention à notre nourriture à chaque moment, de sa préparation à sa dégustation, pour l’apprécier pleinement — ce qu’on appelle en anglais le mindful eating, est une prise de conscience de l’expérience unique et vitale qu’est celle de se nourrir. Cela n’a rien à voir avec les calories, les glucides, les lipides ou les protéines. Et cela n’a rien à voir avec avaler sa salade machinalement en faisant défiler son fil Facebook.

On aura le temps d’en reparler plus tard cette année, mais on le mentionne quand même d’entrée de jeu, question de vous préparer. Pour bien des gens, faire ses propres conserves demeure un exercice alchimique intimidant. Erreur. La réalité, c’est que c’est plutôt niaiseux. Et franchement délicieux. Alors, prenez donc un weekend cette année (ou sept, si vous êtes Italien) pour faire vos betteraves ou cornichons ; on vous confirme que c’est nettement plus valorisant que d’écouter les conférences de presse de la Santé publique à répétition. Et mieux pour votre santé mentale.

Quelques bonnes raisons, en vrac, pour passer au vrac ? Le prix. La qualité des produits. La variété. La disponibilité. La simplicité. L’élimination monstre d’emballage inutile. Ne plus devoir payer une marge ridicule pour une « marque ». La possibilité d’acheter la quantité qu’on veut. La logique de la chose. Bref, s’il y avait un temps propice pour amorcer ce virage avec un grand V, les conditions gagnantes sont réunies avec cette pandémie. Quelques suggestions pour vous bâtir un bunker alimentaire dans votre sous-sol : il y a la Coop NouRire qui a des points de chute dans plusieurs endroits au Québec, les épiceries Loco qui sont maintenant à quatre endroits à Montréal en plus d’être en ligne, et il y a évidemment le Bulk Barn.

Si la bouffe était un jeu de Monopoly, les pâtes seraient les « Passez Go / Réclamez 200 $ » de tous nos repas (et les pogos « Allez directement en prison »). Lorsqu’on est mal pris, et qu’on dispose de peu de temps, un bon plat de pâtes est vraiment une façon infaillible et nourrissante d’alimenter la tribu et, surtout, de limiter le chialage. Mais maintenant qu’on a du temps, si on se donnait comme mandat cette année de mettre la main à la pâte un peu plus souvent ? Surtout qu’on se cherche justement des activités familiales, autres que le Monopoly. Mais on vous avertit, manger des pâtes maison c’est comme une télé de 85 pouces UHD, un massage de pieds ou la lasagne de Mme Bellucci — une fois que vous avez essayé, impossible de revenir en arrière.

(Publié le 11/01/2021)