Le prestigieux magazine The Economist nous apprenait récemment que l’obésité se pointait désormais en Afrique.

Mais à vrai dire, l’obésité qui débarque sur le continent africain n’est que la pointe de l’iceberg d’une longue conquête mondiale bien engrangée depuis plusieurs années.

En effet, l’obésité ne surprend que par la rapidité à laquelle elle se propage aux quatre coins de la planète, y compris chez nous où 2,3 millions d’adultes souffrent d’obésité abdominale, soit deux fois plus qu’en 1990, selon l’Institut national de santé publique du Québec.

Et qu’est-ce qu’on fait pendant que notre planète grossit ? 

Une cinquantaine de médecins et professionnels au pays ont récemment publié de nouvelles lignes directrices concernant l’obésité pour qu’elle soit désormais traitée comme une maladie.

Et voilà que le New England Journal of Medicine publiait une étude la semaine dernière, qui déclarait que pour la première fois, un médicament s’était révélé efficace contre l’obésité, aidant des patients à perdre jusqu’à 15 % de leur poids et surtout à éviter les pires conséquences de la maladie, y compris le diabète.

Mais pendant qu’on débat sur la façon de traiter l’obésité et qu’on se tourne vers la science pour y remédier, il serait peut-être temps qu’on s’attaque aussi à sa cause qui, elle, est très connue et parfaitement identifiée depuis plusieurs années.

Car vous ne serez pas surpris d’apprendre que la cause de cette maladie n’est ni une transmission par aérosol ni une ventilation défaillante ou encore un virus sournois qui traîne sur une chauve-souris à Wuhan ou une poignée de porte au Dunkin’ Donuts.

Comme le soulignait la Dr Sonia Caprio de l’Université Yale dans une étude sur l’obésité auprès des jeunes l’an dernier : la seule façon d’atténuer l’obésité est une meilleure alimentation.

Donc, oui, argumentons pour redéfinir l’obésité afin de mieux la traiter, mais si on visait aussi sa source, c’est-à-dire toute cette panoplie de malbouffe transformée, aussi addictive que nocive, qui nous coûte une fortune en soins de santé et en vies? Surtout quand on sait que les effets néfastes de la malbouffe ont une incidence directe sur le taux de mortalité de la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé mentionne que l’industrie agroalimentaire peut jouer un rôle « important » en faisant la promotion des régimes alimentaires sains en « réduisant la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés et en proposant à tous les consommateurs des produits sains et nutritifs à un prix abordable ».

À la lumière du Rapport sur la nutrition mondiale  l'an dernier qui confirmait que l'obésité gagnait du terrain partout — et du fait que les maladies du coeur demeurent la plus grande cause de décès au monde avec près de 18 millions de victimes chaque année, dont 52 000 au Canada  —, il est temps d’oublier les voeux pieux et de passer à l’action.

L’autoréglementation n’a pas fonctionné avec les barons du tabac, elle demeure visiblement un mirage même pour les producteurs de nourriture pour bébé aux États-Unis, elle ne trouvera jamais preneur auprès des géants de la technologie et parions un petit brun que le résultat sera le même avec tous ces monstres alimentaires de la planète.

Les monstres ne se domptent jamais seuls.

Alors, à quand un programme d’étiquetage de Santé Canada pour prévenir les consommateurs des produits hauts en gras, sucre et sel ?
Ou une taxe sur les boissons gazeuses qui est attendue depuis fort longtemps ?
Et pourquoi pas un programme obligatoire de cuisine et de nutrition à l’école, du primaire au secondaire ?
Ou un engagement plus ferme du ministère de la Santé et du Collège des médecins envers l’importance de l’alimentation dans un rôle préventif chez les patients ?

Et pourquoi pas une loi contre le Kraft Dinner saveur bonbon pendant qu'on y est?

En ce moment, on remue ciel et terre afin de combattre un virus dont on ne connaît pas exactement l’origine.

Pendant ce temps, face à une maladie encore plus dangereuse et pernicieuse, dont on connaît pertinemment la souche, nos gouvernements continuent de fermer les yeux.

Pendant qu’on ouvre la bouche toujours plus grand.