Lorsqu’on arpente allègrement les allées de notre supermarché préféré ou de notre jardin, on a tendance à oublier un fait biologique très important : le tiers de toute la bouffe que l’on consomme dépend directement d’une bestiole poilue à rayures.

On parle ici évidemment de l’abeille — et non de la créature sournoise qui se cache sous votre lit depuis l’âge de 6 ans (vous savez de laquelle on parle).

Car en effet, pas de pollinisation pas de fraises. Pas de brocoli. Pas grand-chose, en fait.

Voilà pourquoi il était particulièrement alarmant d’apprendre cette semaine que pas moins de 500 millions d’abeilles sont mortes au Brésil au cours des trois derniers mois, principalement à cause de l’utilisation de pesticides. Et le bilan n’est plus plus reluisant ailleurs :

  • + En Russie le mois dernier, 300 000 colonies d’abeilles sont mortes. Le chef de l’association des apiculteurs au pays à déclaré en panique : « Nous devons les protéger comme si elles étaient saintes. » (Amen).
  • + En août dernier, on vous rapportait qu’un parasite microscopique sournois au nom vraiment épeurant — le Varroa destructor— décimait des colonies entières d’abeilles en Californie.
  • + Et au Canada, selon l’Association canadienne des apiculteurs, le quart des abeilles n’ont pas survécu à l’hiver dernier. Pourquoi ? On mentionne notamment la météo, le même parasite et aussi des virus.

Qu’est-ce qu’on peut faire ? Chez nous, des petites choses toutes simples comme ne pas tondre son gazon trop souvent (facile), faire un jardin, éviter l’utilisation de pesticides et ne pas se mettre en mode « Terminator » quand on aperçoit un essaim d’abeilles.

Sur le plan collectif, dans son Code de gestion des pesticides du 1er avril, le gouvernement québécois a finalement restreint la vente et l’usage des pesticides « tueurs d’abeilles » au Québec. Même chose au Canada.

Mais voilà qu’à peine deux mois après la nouvelle réglementation, le ministère de l’Environnement du Québec accordait exceptionnellement une dérogation qui permettait aux agronomes d’ignorer les nouvelles règles.

Ce qui nous ramène au point de départ et à notre conclusion. Dans ces tristes dossiers qui affectent notre bouffe, notre quotidien et nos vies, il semble qu’on soit tous pertinemment conscients du problème et, dans plusieurs cas, des gestes à poser pour le régler. Que cela soit la mort des abeilles ou les réchauffements climatiques, on connaît les causes et les pistes de solutions pour y remédier. Donc, au lieu de se poser la question « On fait quoi ? » il serait peut-être temps qu’on se pose collectivement la vraie question : « Pourquoi on ne le fait pas ? ».

Parce que cela commence à presser.

(Publié le 23/08/2019)