Après la viande rouge et les viandes transformées, voici d’autres produits à rayer de votre liste d’épicerie : les jus de fruits et boissons sucrées. En effet, une étude publiée dans The British Medical Journal la semaine dernière les a carrément associés à un risque élevé de cancer.
Après avoir suivi 101 257 participants pendant huit ans, des chercheurs français arrivent, pour une première fois, à la conclusion que « la consommation de boissons sucrées était positivement associée au risque de cancer en général et de cancer du sein. Les jus de fruits 100 % purs étaient également associés de façon positive au risque de cancer en général ».
CE QU'ON SAVAIT DÉJÀ
Pas vraiment santé : Même s’ils ont longtemps claironné un profil beaucoup plus santé que, disons, du Kik Cola aux fraises, de nombreuses études associent clairement les jus de fruits au surpoids, à l’obésité et au diabète. Tellement que le nouveau Guide alimentaire canadien suggère carrément de les éviter et d’opter plutôt pour… de l’eau.
C'est le sucre, toujours le sucre : Le problème des jus est relié à l’avalanche de sucre — et donc de calories — qu’ils contiennent. Lorsque vous mangez le fruit au complet, vous avalez une quantité de sucre naturel moins élevée, en plus des fibres et vitamines. Lorsque vous buvez du jus, cela devient nettement plus concentré et exagéré.
UN VERRE DE…
Jus d’orange : 5 cuillères à thé (22 grammes)
Jus de pomme 100 % pur : 6 cuillères à thé de sucre (25 grammes)
Coca-Cola : 7 cuillères à thé de sucre (28 grammes)
Eau : Rien pantoute
Rappel :
1 pomme entière — 10 grammes de sucre
Source : Institut national de Santé publique du Québec
Pas vraiment besoin de cela : Finalement, notons que votre beau corps céleste n’a pas vraiment besoin de sucre pour fonctionner. Oui, on a besoin de glucose, qu’on va déjà puiser dans plusieurs aliments, mais il n’y a aucun apport quotidien en sucre libre recommandé puisque, on le répète, on n’en a pas vraiment besoin. D’ailleurs, en 2015, l’Organisation mondiale de la Santé revoyait ses recommandations de sucre par jour à la baisse, proposant un maximum de 25 grammes par jour —ce qui veut dire qu’un verre de jus de pomme pour partir votre journée vous propulse déjà à la limite. (Si vous partez votre journée avec un verre de Coke, vous la dépassez — mais vous avez clairement d’autres problèmes.)
CE QUI EST NOUVEAU
Taxe du sucre : Face aux ravages évidents du sucre, certaines villes américaines ont instauré une taxe sur les boissons sucrées — et cela fonctionne. Il y a quelques semaines, des chercheurs néo-zélandais ont déterminé qu’une taxe de 10 % a permis de réduire l’achat et la consommation de boissons sucrées en moyenne de 10 %. Comme on dit si bien : « C’est déjà ça ».
Montréal attaque :En décembre 2017, la Ville de Montréal a pris position sur les boissons sucrées, adoptant une motion qui proposait de graduellement les bannir des édifices municipaux, tout en pressant le gouvernement canadien de leur imposer une taxe. La ministre fédérale de la Santé Ginette Petitpas Taylor a tranché au mois de mai. C’est non.
Pourquoi on aime cela :Finalement, si vous vous demandez pourquoi on aime tant le sucre, il y a plusieurs raisons. Il y a une question de dopamine, qui stimule notre cerveau à l’idée même d’en manger. On peut aussi vraisemblablement blâmer nos ancêtres primates qui se gavaient de petits fruits mûrs — et donc sucrés — pour survivre, ce qui classe notre amour du sucre un peu au même niveau évolutif que notre peur inhérente de la noirceur ou de Michèle Richard. Mais il y a aussi une manipulation plus insidieuse à l’oeuvre. En effet, cette semaine, l’Organisation mondiale de la Santé — encore elle — s’insurgeait contre la forte teneur en sucre de la nourriture… pour bébé, ainsi que son étiquetage frauduleux, proposant même de bannir le sucre ajouté dans tout aliment pour nourrisson. On appelle cela « développer et fidéliser une clientèle ».
(Publié le 19/07/2019)