Il appert que face à la pandémie, les Américains n’auront pas le choix que de manger moins de viande.

En effet, cette semaine, Costco s’est ajouté à une longue liste de magasins aux États-Unis qui limitera les achats de viande fraîche en raison du ralentissement dans les usines de transformation pendant la pandémie. 

La compagnie a annoncé qu’elle limitait les acheteurs à trois articles de viande de bœuf, de porc et de volaille pour « aider à garantir qu’un plus grand nombre de membres puissent acheter les marchandises qu’ils souhaitent et dont ils ont besoin. »

Ce « ralentissement » est en fait dû à une contamination des employés et des mesures inadéquates de protection mise en place par les géants de la transformation de viande face à la pandémie, si bien que de nombreux travailleurs ont tout simplement choisi de ne pas se présenter au travail (… familier ?) . 

Une travailleuse de Tyson Foods a même déclaré à un journaliste du Guardian : « Nous sommes des esclaves modernes. »
Au Québec, la situation n’est guère plus rose, autant pour les producteurs que pour les bêtes, avec des scénarios sanglants qui se multiplient : 100 000 porcs devront être mis à mort, les abattoirs ne fournissant plus. Près de 200 000 poussins ont été euthanasiés et deux millions d’oeufs détruits.
On ne s’attardera pas sur le sort de ces pauvres bêtes qui de toute façon n’ont pas vraiment d’option de survie ou de plan B favorable dans ce film d’horreur. 

Et on ne peut en vouloir aux producteurs qui ne font que répondre à une demande, tout en étant pris en otage d’une situation exceptionnelle.
Mais s’il y a une chose que cette pandémie a su faire plus que tout, c’est de démontrer les failles flagrantes des systèmes et mécanismes plutôt méconnus de notre société. 

On l’a tristement constaté avec les CHSLD. 

On a vu la lourdeur de la gestion hypercentralisée de notre système de santé. 

Et on remarque toute l’incohérence de notre chaîne alimentaire, dès qu’un événement vient la perturber. 

Tuer 100 000 porcs parce qu’ils ne peuvent être abattus, dans un temps où on craint manquer de nourriture, cela impose une réflexion.  

On se permet donc de rappeler des faits, ainsi qu'une petite montée de lait (avant d’en jeter trois millions de litres au drain).

Quand on sait :
+ que la viande rouge et les viandes transformées sont liées au cancer
+ qu’on n’a vraiment pas besoin de manger de viande du tout pour vivre en santé (au contraire)
+ que le gras animal est un tueur féroce, directement lié aux maladies du coeur, le tueur numéro un mondial
+ que nos soi-disant « techniques » d’élevage sont de véritables incubateurs à pandémie
+ que la production de boeuf est la principale raison de déforestation des forêts tropicales de la planète
+ qu’une récente étude démontre qu’une réduction de moitié de la consommation de viande aux États-Unis réduirait les émissions de gaz à effet de serre de 35 % en dix ans

Quand on sait tout ça, on pose la question : est-ce qu’on a vraiment besoin d’une pandémie pour se faire dire de manger moins de viande ? 

Sérieux.

(Publié le 8/5/2020)