On comprend et on se réjouit de cet engouement soudain pour la fausse viande. Vraiment, on ne peut que saluer ces initiatives qui, on espère, aideront à sauver des milliers de vies animales, des tonnes métriques d’eau et des millions d’acres de forêt.
Mais pendant ce temps, cette semaine, le World Wildlife Fund nous apprenait, dans un rapport dévastateur, que depuis 1970, la taille des populations de mammifères, d'oiseaux, de poissons, d'amphibiens et de reptiles a connu une baisse moyenne alarmante de 68% Autrement dit, les 2/3 de la faune sauvage ont été effacés du globe en 50 ans.
Pendant qu’on remue ciel et terre pour trouver des alternatives alimentaires synthétiques à toutes ces pauvres bêtes qu’on élève en enclos, on est parfaitement incapable de protéger celles qui vivent dans leur habitat naturel.
Et les choses ne sont guère plus reluisantes du côté agricole, alors que l’équivalent de 30 terrains de soccer de terre sont perdus chaque minute, principalement à cause de l'agriculture intensive. Ajoutez à cela une fonte record de la calotte glacière au Groenland, et un portrait aussi accablant qu'urgent commence à prendre forme.
Nous ne sommes ni prophètes ni devins, mais nous avons comme un triste pressentiment que se réconforter à manger des burgers à base de pois et du thon végé — ou même à conduire des autos électriques ou acheter des ampoules LED — ne sera pas suffisant pour passer à travers ce qui nous attend.
Nul doute, ce sont de belles inventions, mais elles sont, en réalité, des diversions qui relèvent de la pensée magique, et qui nous éloignent des vrais problèmes systémiques de la « vie moderne », nous donnant un faux sentiment de confort, de sécurité et de supériorité.
Car après tout, c’est justement ce beau progrès, cette frénésie du développement qui a fait qu’on se retrouve aujourd’hui avec une planète majoritairement vidée de vie.
On n’a malheureusement pas de solution concrète à vous proposer aujourd’hui, mais on a une certitude : si on pense que la technologie va nous sortir de ce pétrin incommensurable, on fait non seulement fausse route, mais la déroute sera tout aussi brutale.
Car le problème est beaucoup plus profond pour être balayé sous le tapis large de la technologie.
Si, dans un avenir rapproché, nous sommes incapables de repenser radicalement et rapidement comment et pourquoi nous vivons, à l’instar des autres habitants de notre planète, nous allons nous aussi nous éteindre tranquillement.
Mais au moins, cela sera devant nos écrans.
(Publié le 14/09/2020)