Finalement, puisqu’on parle d’achat local, on termine avec une nouvelle qui dépasse toute logique et qui, coïncidence ou pas, implique encore une fois le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).
En effet, dans le Rapport du commissaire au développement durable déposé jeudi, on apprenait que les étiquettes qu’on trouve sur nos aliments — dont la fameuse mention « Aliments du Québec » pour encourager la vente des produits d’ici — sont loin d'être fiables.
Si vous pensez qu’on exagère, voici les quatre grands constats du rapport qu’on cite intégralement :
1. Le ministère (MAPAQ) n’a pas pris les mesures nécessaires pour que les consommateurs aient facilement accès à de l’information fiable sur les allégations et la provenance des aliments.
2. Le ministère ne surveille pas adéquatement la fiabilité des indications présentes sur les étiquettes des aliments.
3. Aliments du Québec n’a pas mis en place les mesures suffisantes pour garantir que les produits qui portent ses logos proviennent vraiment du Québec ou y sont préparés.
4. Le processus de certification des aliments biologiques québécois repose sur plusieurs contrôles, mais peu de tests sont effectués pour détecter les substances interdites dans ce mode de production.
Le rapport détaillé tire carrément sur tout ce qui bouge, soulignant également au passage que :
- - le ministère n’a pas de programme spécifique de surveillance des étiquettes ;
- - il a mandaté la Ville de Montréal pour effectuer les inspections des établissements alimentaires situés sur son territoire, mais n’a toutefois pas l’assurance que la Ville réalise les travaux adéquatement ;
- - la formation des 153 inspecteurs du secteur alimentaire du MAPAQ est insuffisante pour assurer une surveillance efficace des étiquettes alimentaires ;
- - plusieurs entreprises utilisent des logos « Aliments du Québec » sur leurs produits alors que les fiches de leurs produits sont incomplètes dans la base de données d’Aliments du Québec.
Et cela continue comme ça pendant presque 52 pages.
Bref, pour Aliments du Québec, un organisme dont le budget est passé de 1,7 M$ à près de 20 M$ en 2021 et dont LE SEUL BUT AVOUÉ est de s’assurer d’où viennent ses produits et d’en faire la promotion, disons que le constat est à la fois humiliant et désolant.
Et quand on connaît les autres grands chantiers du ministère de l’Agriculture dont on a parlé plus haut, disons que cela n’a vraiment rien pour inspirer confiance.
Donc, si vous voulez être certain de manger des produits d’ici cet été, trois conseils :
1. N’achetez pas de produits transformés
2. Faites pousser vos propres légumes
3. Achetez directement d’un producteur en qui vous avez confiance
Entre-temps, notre recommandation serait de carrément retirer du marché l’auto-collant « Aliments du Québec » qui ne veut rien dire et de le remplacer tout simplement par « Aliment ». Oui, à 20 M$ par année, cela revient quand même cher du sticker. Mais cela aura au moins le mérite d’être plus véridique.
À part si on achète des Mister Freeze, il va de soi.
(publié le 29/05/2021)