Il est invisible. Il est partout. Et on semble ne jamais en avoir assez.
Le sucre sous toutes ses formes est devenu un ingrédient de choix — et sournois — pour les compagnies alimentaires.
À titre d’exemple, l’Organisation mondiale de la santé recommande de limiter sa consommation de sucres libres à environ 50 grammes par jour, soit 12 cuillères à thé, mais conseille fortement de réduire cela à 6 cuillères à thé pour obtenir des effets bénéfiques.
Mais quand on sait qu’une canette de Coke de 330 ml contient à elle seule 9 cuillères à thé de sucre, eh bien, good luck with that.
Pendant que les Américains demeurent les grands champions du palmarès sucré avec un gavage éhonté de 126 grammes par jour, le Canada figure aussi dans le Top 10 avec 89 grammes, selon une étude de 2015 publiée par Euromonitor, et tel que reporté dans le Washington Post.
Sans surprise, cette montée en force généralisée a engendré un raz-de-marée de problèmes de santé, que plusieurs études sérieuses ont dénoncé : del’obésité au diabète, en passant par des problèmes cardiaques pour ceux qui n’ont pas de problème de poids. Même l’Alzheimer. Il semble donc que les caries ne soient plus le plus gros problème de santé causé par le sucre — malheureusement.
Devant un adversaire si coriace et convaincant, voilà qu’une compagnie israélienne refuse de baisser les bras et tente l’impossible : réduire notre consommation de sucre non pas en le remplaçant par un substitut insipide, mais en le réinventant.
C’est précisément l’idée sur laquelle planche la firme DouxMatok, avec son produit révolutionnaire qu’elle a modestement appelé l’« Incredo ».
Le nouveau produit permettrait de mieux cibler nos papilles gustatives, avec des molécules de sucre reconfiguré, plus intense, contenant en réalité 40 % moins de sucre, tout en créant le même goût familier, mais avec considérablement moins de calories.
Reconfiguré comment ?
Avec l’ajout de minuscules grains de silice, qui mesurent moins d’un cinquantième du diamètre des cheveux humains, et qui ont cette capacité de réorganiser la structure moléculaire du sucre tout en lui décuplant le goût. Autrement dit, on en fait plus et on en goûte plus, mais avec moins.
Vous devinerez qu’on voit un potentiel énorme pour ce sucre 2.0, si bien qu’après avoir conclu une entente de production en Europe avec la compagnie Südzucker, DouxMatok annonçait récemment qu’elle avait trouvé un partenaire nord-américain qui amorcerait la production d’ici 2021.
Et on vous rassure tout de suite : la silice est un produit inoffensif, sans goût et que l’humain est capable d’évacuer et dont il peut se passer.
Tout le contraire du sucre, quoi.
(Publié le 5/10/2020)