Dans la vie, comme dans l’alimentation ou les émissions de télé-réalité, il ne faut pas toujours se fier aux apparences.
Une enquête exhaustive de Oceana révélait cette semaine que le poisson qu’on mange ou achète à Montréal n’est vraiment pas celui qu’on pense. Des tests d’ADN effectués sur des échantillons recueillis dans des restaurants et épiceries en ville ont en effet révélé que 61 % des poissions étaient d’une autre espèce que celle annoncée, ou ne respectaient pas les normes d’étiquetage de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Mais le poisson n’est que le début.
Plus tôt cette année, on vous parlait de l’huile d’olive qui constituait une cible facile pour tout fraudeur avisé. La semaine dernière en Chine, trois producteurs d’huile se sont vus accusés d’avoir menti sur la teneur réelle en huile d’olive de leurs produits.
Dans une entrevue qui n’était pas nécessairement la stratégie de relations publiques du siècle, le directeur des ventes d’une des compagnies éclaboussées par le scandale a déclaré à la télévision : « En bout de ligne, personne ne va mourir en mangeant cela. Je peux vivre avec ma conscience. »
Rassurant.
Finalement, parlant de la Chine et de fraude, n’oublions pas le miel, qui fait également l’objet de fraude monumentale face à une demande toujours plus forte. Une récente analyse de l’Agence canadienne d’inspection des aliments déterminait que tous les miels produits au Canada étaient purs, mais que plus de 20 % des miels importés étaient dilués avec du sirop de riz ou de maïs. Leur provenance ? La Grèce, le Vietnam, l’Inde, le Pakistan… et la Chine.
Bref. Face à toutes ces arnaques, on vous propose cette semaine une petite liste facile de certains aliments qui se plaisent à se déguiser, des trompe-l’œil qui se glissent régulièrement et sournoisement dans nos cuisines ou nos assiettes, qu’on vous suggère d’éviter. Voici donc :
LES TOP 5 PRODUITS ALIMENTAIRES
QUI SONT DES IMPOSTEURS
Probablement LA créature aquatique qui souffre le plus d’une crise d’identité à part la sirène ou Marine Boy, la goberge est un poisson qui est parent avec la morue, mais elle est plus souvent consommée comme un crustacé, plus précisément en similicrabe. Comment ? Parce qu’elle a une chair blanche très maigre et tendre. Parce qu’elle est facilement transformée. Et parce que, comme dans le cas du soi-disant « Crabe royal » de Seaquest, on lui ajoute eau, blanc d’oeuf liquide, amidon de maïs, fécule de manioc modifiée, sorbitol, sel, huile de poisson raffinée (huile d’anchois et de sardine), farine de koniac (contient carraghénane, dextrose), vin de riz, colorant naturel, caramel, poudre de blanc d’oeuf, chair de crabe royal, extrait de crabe, arômes naturels et artificiels, protéines hydrolysées de soya, de maïs et de blé, glucose-fructose, maltodextrine, amidon de maïs modifié, hydrolysat de fécule de manioc hydrogénée, inosinate disodique, guanylate disodique, propylèneglycol, alcool, succinate de sodium, phosphate de sodium, huile de canola, extrait de romarin, tocophérols, huile de tournesol et acide citrique.
La mer dans chaque bouchée, quoi.
C’est à Napoléon III qu’on doit cette brillante idée d’inventer quelque chose qui ressemble à du beurre, qui goûte comme le beurre mais qui coûte moins cher. En effet, Son Altesse lance, en 1869, un concours pour développer un produit afin de remplacer le beurre qui, en plus d’être plutôt rare à l’époque, était très dispendieux et difficile à conserver. Grâce au génie du chimiste et pharmacien Hippolyte Mège-Mouriès, la margarine a été inventée, originalement, en utilisant de la graisse de bœuf, du lait et de l’eau. Les progrès de la science permettront par la suite d’utiliser des huiles végétales, ce qui prouve encore une fois que la margarine appartient plus au monde de la chimie que de la gastronomie.
Poisson grotesque, plutôt laid, brun et couvert de tubercules, pas surprenant que la lompe soit pêchée principalement pour ses œufs. Mais encore là, il y a du travail à faire pour arriver à ses fins d’imitation : les œufs ternes et gris sont trempés dans une saumure salée, puis on y ajoute du colorant rouge ou noir, quelques agents de conservation et des épices, le tout dans un beau petit bocal bien « fancy » avec de préférence une étiquette utilisant des caractères russes et une vieille peinture de tsar et… voilà ! Du caviar à deux piasses !
Comme nous le savons tous, la meilleure façon de se faire un jus sera toujours de cueillir un fruit frais, de le presser à mains nues de façon sauvage et virile en pensant à son ex, et par la suite d’en savourer l’extraction avec un doux sentiment de satisfaction et de vengeance accomplie. Mais comme on n’a pas toujours des fruits frais sous la main, ou des frustrations amoureuses à assouvir, on se rabat la plupart du temps sur des jus déjà préparés. D’où le danger. Avant tout pour la quantité obscène de sucre qu’ils contiennent. Mais aussi pour la pléiade d’imitations qui ont recours aux plus basses techniques de marketing pour vous duper. Ainsi, on retrouve sur le marché des « cocktails », des « boissons » ou encore des « punchs » aux fruits qui ne garantissent aucunement la présence de fruits à l’intérieur. Ces boissons sont souvent composées d’eau, de sucre, d’essences naturelles et artificielles, d’additifs et, qui sait, peut-être même, quelques fois, de jus. Donc, pour être certain, toujours rechercher l’appellation « jus ». Ou mieux encore, toujours faire votre propre jus. C’est excellent pour votre santé physique et, en fonction de votre méthode de fabrication, pour votre santé mentale aussi.
Celui-là, il faudrait bien que quelqu’un nous l’explique à un moment donné. Un compagnon du café offert en liquide, en poudre, en concentré, en bâtons, sans sucre ou « light » ; une durée de vie presque indéfinie en tablette ; des saveurs aussi inquiétantes que Caramel Latte, Peppermint Mocha, Strawberry Cheesecake, et notre préférée, saveur Snickers ; un site web — un site web complet ! — qui offre aux internautes aussi des liens Facebook, Twitter, YouTube et Instagram, et la possibilité de chatter LIVE avec un spécialiste Coffee-mate en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, on présume en cas d’urgence — et tout cela pour quelque chose qui, doit-on le rappeler, n’est absolument pas nécessaire si votre café est bon.
Sérieusement : il faut que quelqu’un nous explique.
(Publié le 18/10/2019)