Une histoire d’une tristesse absolue nous provient de la ville de Bristol, en Angleterre cette semaine.

Un rapport publié dans The Annals of Internal Medecine soulève le cas d’un adolescent de 17 ans qui serait la première personne à devenir aveugle et sourde à cause de la malbouffe.

Le jeune, qui était très difficile côté alimentation, carburait à un régime de patates frites, Pringles, pain blanc et tranches de jambon ou saucisse depuis l’âge de 7 ans, évitant les fruits et légumes et même les lunchs que sa mère lui faisait à l’école.  À l’âge de 14 ans, souffrant de fatigue chronique, son médecin constate une anémie et lui fait aussi une injection de vitamine B12, tout en partageant quelques conseils nutritionnels. Mais vu que son poids et sa taille étaient jugés normaux, rien ne laissait planer un problème alimentaire plus grave.

Dès l’âge de 15 ans, sa vision et son ouïe se détériorent rapidement, le manque de vitamines et sa mauvaise alimentation ayant endommagé son nerf optique au point de provoquer la cécité.

Nul doute, il s’agit d’un cas extrême. Mais il n’en demeure pas moins que le Québec est curieusement engagé sur une voie tout aussi dangereuse. Le chercheur Benoît Lamarche et son équipe de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) de l’Université Laval nous apprenaient en entrevue dans La Presse cette semaine que « l’alimentation est la première tueuse. Elle est responsable de plus de décès que la cigarette ». Sa dernière étude démontre que près du tiers de l’apport calorique des Québécois provient d’aliments à faible valeur nutritive. Ajoutez à cela que l’Institut national de santé publique du Québec révélait récemment que 40 % des adultes de 18 à 74 ans au Québec présentent un tour de taille considéré comme à risque par l’Organisation mondiale de la santé (OMS),  et il y a de quoi être alarmé.

Tout cela illustre une réalité que nous semblons encore incapables de digérer. Oui, il y a l’exercice. L’épanouissement professionnel. L’amour. La télévision 64 pouces ultra HD. Mais LAbase, le fil conducteur et la pierre angulaire de notre bien-être demeure le décision la plus intime qu’on prend, trois fois par jour ou plus : ce qu'on décide d'ingèrer au plus profond de soi. Ce qu’on mange a de loin le plus gros effet direct sur notre santé, à tous les niveaux.

Malgré tout ce qu’on sait,  il y a un petit bonhomme en Angleterre qui, à l’âge de 7 ans, a mangé ce qu’il croyait être de la nourriture, pour ensuite devenir sourd et aveugle quelques années plus tard.

Et pointer du doigt le jeune et sa famille est en quelque sorte l'équivalent de baisser les bras : on semble tout bonnement résigné au fait que nous vivons désormais dans une société où ce qui s’affiche comme étant de la nourriture puisse nous handicaper, nous mutiler ou nous miner la santé.

Notre bouffe nous rend sourds et aveugles et non seulement nous faisons semblant de ne rien voir, nous ne disons absolument rien.

Dangereuse ironie.