LA TAILLE DU MONSTRE
Revenus (2019) : 25 G$ US
Profits (2019) : 1,9 G$ US
Employés : 38 000
Marques : 200
Marques connues : Ketchup Heinz (évidemment), Philadelphia, Velveeta, Kraft Singles
Mais aussi : Cracker Barrel, Grey Poupon, Planters, Maxwell House, Jell-O, Kool-Aid, Oscar Meyer
LES ORIGINES DU MONSTRE
Kraft et Heinz offraient déjà des produits iconiques, centenaires et omniprésents dans nos vies, notamment du ketchup à base de sucre ou du fromage en tranches qui a presque le même goût quand on le mange avec le plastique dessus.
Mais le (nouveau) monstre qui a vu le jour en 2015 est avant tout un fantasme comptable imaginé par deux firmes d’investissement, soit 3G Capital et Berkshire Hathaway, la compagnie du mage financier Warren Buffett.
En 2013, ces deux firmes d’investissement mettent la main sur Heinz pour la modique somme de 23 milliards de dollars US — décidément, un chiffre à la mode pour les acquisitions — pour ensuite fusionner avec Kraft deux ans plus tard. L’idée était d’effectuer des économies d’échelle, de sabrer les colonnes de dépenses dans des fichiers Excel conjoints et, surtout, d’augmenter la valeur de l’action.
Cinq ans plus tard, avec des ventes et des profits en baisse, le monstre s’est non seulement affaiblit, mais il saigne de partout :
- + Il y a deux ans, le bête a dû avaler une dépréciation comptable de 15,4 milliards de dollars US, confirmant donc que ses marques « prestigieuses » avaient visiblement moins de valeur que lors de leur acquisition
. - + Kraft Heinz fait même l’objet d’une enquête de la Securities and Exchange Commission pour ses méthodes comptables.
- + Résultat : l’action de la compagnie, qui valait 96 $ en 2017, s’est écrasée à 31 $.
Il semble que dans leur excitation de créer ce nouveau monstre qui offrait des avantages financiers irrésistibles sur papier, les dirigeants ont oublié ou négligé un détail plutôt important pour toute compagnie alimentaire : offrir des produits que les gens aiment et veulent manger.
AUTRES MOUVEMENTS DE LA BÊTE
+ En 2017, soit à peine deux ans après sa création et en pleine lancée expansionniste, la bête s’attaque à plus gros qu’elle et fait une offre d’achat rocambolesque pour un autre géant, Unilever, au coût de 143 milliards de dollars US. L’offre est rejetée et la dégringolade de Kraft Heinz commence par la suite.
+ En septembre dernier, le monstre poursuivait sa cure d’amaigrissement en annonçant la vente de ses fromages dits « traditionnels » au Groupe Lactalis, une multinationale française, pour la somme de 3,2 milliards de dollars US. Autrement dit, Kraft Heinz a vendu ses vrais fromages (naturels et râpés) pour se concentrer sur le Velveeta, le Philadelphia et le reste de sa scrap.