SPÉCIAL : ALIMENTS OBSCURS ET ÉTRANGES

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En cette semaine d’Halloween et du mois des morts, on en profite pour rendre hommage à des aliments obscurs et étranges… mais qui sont vraiment bons pour vous. Et on tient à vous assurer que les aliments de cette liste n’ont subi aucune transformation pour l’occasion. Non seulement vous les voyez là dans leur état naturel (enfin, presque), mais en plus, ils sont bons pour la santé. Puisqu’on vous le dit.

LES TOP 5 ALIMENTS OBSCURS ET ÉTRANGES
QUI SONT VRAIMENT BONS POUR VOUS

Sa forme un peu grossière, son bulbe à cratères prononcés, sa finition rugueuse peuvent en rebuter quelques-uns. Pourtant, sa chair est très riche en fibres et donc, efficace sur le transit intestinal qui est, comme on le sait tous, la clef du confort et du bonheur — après des sièges chauffants dans son auto, évidemment. Et en plus, il est riche en vitamine K, qui participe à la coagulation du sang et à la formation des os. Et même s’il a l’apparence d’une tumeur géante, il aurait des effets bénéfiques sur les cellules cancéreuses, ce qui prouve hors de tout doute que les apparences sont souvent trompeuses — mais pas tout le temps quand même.

Oui, c’est vrai : sa peau vert pâle ornée de sillons, de boursouflures et de pustules vous rappelle étrangement un membre de votre famille que vous n’invitez jamais au réveillon du Nouvel An, mais qui trouve toujours quand même le moyen de se pointer la face quelques minutes avant l’échange de vœux. Mais ne vous arrêtez pas à son apparence : le melon amer, qui se cuisine principalement en Asie à la vapeur ou en potage, fait aussi l’objet d’importantes études pour son rôle joué dans le combat contre le cancer. Selon des chercheurs américains, il empêcherait la croissance des cellules cancérigènes. Ce qui n’est pas le cas du membre de votre famille auquel nous faisions référence un peu plus tôt.

Dépendant de notre état d’esprit, la palourde royale a ce don magique de faire rire ou rêver. Mais mis à part la pléiade de farces phalliques ou de rêves humides qu’elle peut inspirer, il faudrait aussi rappeler que les palourdes sont en soi une véritable mine d’or de phosphore, zinc, cuivre, sélénium et aussi une source exceptionnelle de fer. En effet, une portion de palourdes contient quatre fois plus de fer qu’une portion identique de foie de bœuf ou de veau. Donc, la palourde royale n’est pas seulement majestueuse en apparence. Son Altesse livre aussi en substance.

Non, ce n’est pas une pieuvre ou une araignée sur les stéroïdes qui pend d’un arbre; c’est en fait un des plus vieux agrumes au monde (oui, vous avez bien lu : c’est un agrume). Étonnamment, ce fruit riche en vitamine C ne contient pas de chair, mais uniquement de la pelure ou de l’écorce. On le cultive principalement en Asie, et il sert surtout à parfumer les aliments, l’alcool, les cosmétiques et à se mettre sur la tête pour des imitations ratées de Kathleen.

On ne sait pas trop qui fut le premier à mettre cette créature marine dans la bouche, mais on ne peut que conclure que cette pauvre personne était vraiment mal prise. En effet, disons que dans le palmarès beauté du monde aquatique, la lotte décroche facilement le trophée « Steve Buscemi ». Mais pour compenser son physique plus qu’ingrat, elle se rattrape par son goût et sa valeur nutritive, car elle constitue un bon apport en acides gras polyinsaturés et oméga-3. Sa chair est maigre, ferme et sans arêtes, son goût est légèrement sucré et se compare à celui du pétoncle ou du homard, le prix en moins. Le truc : l’acheter en filets. Ou envoyer votre conjoint l’acheter.

(Publié le 1/11/2019)

TOP 5 ALIMENTS QUI SONT DES IMPOSTEURS

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Dans la vie, comme dans l’alimentation ou les émissions de télé-réalité, il ne faut pas toujours se fier aux apparences.

Une enquête exhaustive de Oceana révélait cette semaine que le poisson qu’on mange ou achète à Montréal n’est vraiment pas celui qu’on pense. Des tests d’ADN effectués sur des échantillons recueillis dans des restaurants et épiceries en ville ont en effet révélé que 61 % des poissions étaient d’une autre espèce que celle annoncée, ou ne respectaient pas les normes d’étiquetage de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Mais le poisson n’est que le début.

Plus tôt cette année, on vous parlait de l’huile d’olive qui constituait une cible facile pour tout fraudeur avisé. La semaine dernière en Chine, trois producteurs d’huile se sont vus accusés d’avoir menti sur la teneur réelle en huile d’olive de leurs produits.

Dans une entrevue qui n’était pas nécessairement la stratégie de relations publiques du siècle, le directeur des ventes d’une des compagnies éclaboussées par le scandale a déclaré à la télévision : « En bout de ligne, personne ne va mourir en mangeant cela. Je peux vivre avec ma conscience. »

Rassurant.

Finalement, parlant de la Chine et de fraude, n’oublions pas le miel, qui fait également l’objet de fraude monumentale face à une demande toujours plus forte. Une récente analyse de l’Agence canadienne d’inspection des aliments déterminait que tous les miels produits au Canada étaient purs, mais que plus de 20 % des miels importés étaient dilués avec du sirop de riz ou de maïs. Leur provenance ? La Grèce, le Vietnam, l’Inde, le Pakistan… et la Chine.

Bref. Face à toutes ces arnaques, on vous propose cette semaine une petite liste facile de certains aliments qui se plaisent à se déguiser, des trompe-l’œil qui se glissent régulièrement et sournoisement dans nos cuisines ou nos assiettes, qu’on vous suggère d’éviter. Voici donc :

LES TOP 5 PRODUITS ALIMENTAIRES
QUI SONT DES IMPOSTEURS 

Probablement LA créature aquatique qui souffre le plus d’une crise d’identité à part la sirène ou Marine Boy, la goberge est un poisson qui est parent avec la morue, mais elle est plus souvent consommée comme un crustacé, plus précisément en similicrabe. Comment ? Parce qu’elle a une chair blanche très maigre et tendre. Parce qu’elle est facilement transformée. Et parce que, comme dans le cas du soi-disant « Crabe royal » de Seaquest, on lui ajoute eau, blanc d’oeuf liquide, amidon de maïs, fécule de manioc modifiée, sorbitol, sel, huile de poisson raffinée (huile d’anchois et de sardine), farine de koniac (contient carraghénane, dextrose), vin de riz, colorant naturel, caramel, poudre de blanc d’oeuf, chair de crabe royal, extrait de crabe, arômes naturels et artificiels, protéines hydrolysées de soya, de maïs et de blé, glucose-fructose, maltodextrine, amidon de maïs modifié, hydrolysat de fécule de manioc hydrogénée, inosinate disodique, guanylate disodique, propylèneglycol, alcool, succinate de sodium, phosphate de sodium, huile de canola, extrait de romarin, tocophérols, huile de tournesol et acide citrique.

La mer dans chaque bouchée, quoi.

C’est à Napoléon III qu’on doit cette brillante idée d’inventer quelque chose qui ressemble à du beurre, qui goûte comme le beurre mais qui coûte moins cher. En effet, Son Altesse lance, en 1869, un concours pour développer un produit afin de remplacer le beurre qui, en plus d’être plutôt rare à l’époque, était très dispendieux et difficile à conserver. Grâce au génie du chimiste et pharmacien Hippolyte Mège-Mouriès, la margarine a été inventée, originalement, en utilisant de la graisse de bœuf, du lait et de l’eau. Les progrès de la science permettront par la suite d’utiliser des huiles végétales, ce qui prouve encore une fois que la margarine appartient plus au monde de la chimie que de la gastronomie.

Poisson grotesque, plutôt laid, brun et couvert de tubercules, pas surprenant que la lompe soit pêchée principalement pour ses œufs. Mais encore là, il y a du travail à faire pour arriver à ses fins d’imitation : les œufs ternes et gris sont trempés dans une saumure salée, puis on y ajoute du colorant rouge ou noir, quelques agents de conservation et des épices, le tout dans un beau petit bocal bien « fancy » avec de préférence une étiquette utilisant des caractères russes et une vieille peinture de tsar et… voilà ! Du caviar à deux piasses !

Comme nous le savons tous, la meilleure façon de se faire un jus sera toujours de cueillir un fruit frais, de le presser à mains nues de façon sauvage et virile en pensant à son ex, et par la suite d’en savourer l’extraction avec un doux sentiment de satisfaction et de vengeance accomplie. Mais comme on n’a pas toujours des fruits frais sous la main, ou des frustrations amoureuses à assouvir, on se rabat la plupart du temps sur des jus déjà préparés. D’où le danger. Avant tout pour la quantité obscène de sucre qu’ils contiennent. Mais aussi pour la pléiade d’imitations qui ont recours aux plus basses techniques de marketing pour vous duper. Ainsi, on retrouve sur le marché des « cocktails », des « boissons » ou encore des « punchs » aux fruits qui ne garantissent aucunement la présence de fruits à l’intérieur. Ces boissons sont souvent composées d’eau, de sucre, d’essences naturelles et artificielles, d’additifs et, qui sait, peut-être même, quelques fois, de jus. Donc, pour être certain, toujours rechercher l’appellation « jus ». Ou mieux encore, toujours faire votre propre jus. C’est excellent pour votre santé physique et, en fonction de votre méthode de fabrication, pour votre santé mentale aussi.

Celui-là, il faudrait bien que quelqu’un nous l’explique à un moment donné. Un compagnon du café offert en liquide, en poudre, en concentré, en bâtons, sans sucre ou « light » ; une durée de vie presque indéfinie en tablette ; des saveurs aussi inquiétantes que Caramel Latte, Peppermint Mocha, Strawberry Cheesecake, et notre préférée, saveur Snickers ; un site web — un site web complet ! — qui offre aux internautes aussi des liens Facebook, Twitter, YouTube et Instagram, et la possibilité de chatter LIVE avec un spécialiste Coffee-mate en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, on présume en cas d’urgence — et tout cela pour quelque chose qui, doit-on le rappeler, n’est absolument pas nécessaire si votre café est bon.

Sérieusement : il faut que quelqu’un nous explique.

(Publié le 18/10/2019)

L’extra-terrestre qui aime la vie sur Terre

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L’extra-terrestre qui aime la vie sur Terre

Un reportage de Stephane Banfi

François Tanguay s’identifie un peu comme un extra-terrestre. Car pendant que notre gouvernement, cette semaine, se penchait sur l’utilisation des pesticides, et pendant qu'une marche monstre s'organisait pour sauver la planète, François entamait son 21e été comme agriculteur biologique dans son petit coin de paradis, au Jardin du Petit Tremble à Saint-Antoine-sur-Richelieu. Autrement dit, cela fait longtemps qu’il a compris. Mais l’image bucolique qu’on a du bio, avec une ferme parfaite et des beaux légumes parfaits qui poussent tout seuls, est vite éclipsée par une réalité plus terre à terre quand on y passe quelques heures : le bio, c’est un souci constant, une passion d’artisan et du travail éreintant -- surtout après avoir passé deux heures à cueillir des haricots.

Autour d’un méga bol de soupe aux légumes maison, et entre deux appels au MAPAQ et à son garagiste (qu’il aime), François nous parle de ce que signifie le bio pour lui, des défis qu’il entrevoit pour la prochaine génération d’agriculteurs, de la beauté de la relève et de l’importance de notre jeunesse. Car maintenant qu’il approche la soixantaine, François avoue qu’il songe à ralentir au cours des prochaines années, mais son amour de la terre et de la vie demeure intact. De son propre aveu, « on reste fermier toute sa vie, même si cela prend d’autres proportions, moins intenses ».

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Pourquoi as-tu fait le choix du bio il y a si longtemps? 

Pour moi, la santé est un enjeu important et le bio est une démarche normale et logique par rapport à notre enjeu environnemental. On s’entend, c’est beaucoup plus de trouble de faire du bio que du conventionnel.  Quand tu mets un désherbant chimique sur tes carottes, il va asphyxier la mauvaise herbe, mais pas la carotte. C’est brillant, ils ont réussi à créer une molécule chimique qui discrimine ! Maintenant, on s’entend, tout est chimique, même nous, et la nature peux te tuer avec ce qu’elle offre, mais le problème, c’est que ces molécules qu’ils ont développées par des procédés chimiques qui ont coûté une fortune sont non seulement toxiques, mais elles sont aussi persistantes dans l’environnement, elles ne se décomposent pas et laissent des traces. Et je n’ai pas l’impression qu’on peut se maintenir en vie longtemps en ne mangeant que cela. Oui, des fois, je mange aussi des légumes conventionnels, mais disons qu’avec le bio, tu mets vraiment les chances de ton côté. Aussi, il y a une conscience derrière le fait de manger bio. Quand tu manges bio, c’est un peu du militantisme. Tu prends position vis-à-vis l’alimentation moderne et l’environnement.

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Quelle est la plus grande différence dans le bio depuis que tu as commencé il y a 21 ans?

Le bio a été démocratisé, vulgarisé, socialisé. Il est plus répandu parce qu’on était des extra-terrestres au début, surtout aux yeux des autres producteurs. Ils ne pouvaient pas comprendre qu’on pouvait faire pousser des légumes sans molécules de synthèse, sans produits chimiques. C’est aussi plus facile à vendre aujourd’hui qu’avant. On travaille moins le sol pour éviter de l’abimer, on utilise des engrais verts. Les engrais verts existaient avant, mais maintenant c’est automatique. Et avec les changements climatiques, il y a plein de facteurs qui ont changé. Par exemple, il y a des insectes que je n’avais pas au début qui ont subitement fait leur apparition.

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Est-ce que le rôle du gouvernement a changé? Est-ce plus difficile ou facile de se faire appuyer?

Pour cela, je ne suis vraiment pas la bonne personne pour chialer parce que je me sens très supporté. On ne l’entend pas souvent, mais les jeunes doivent savoir cela parce que c’est encourageant.

On ne s’en souvient peut-être pas, mais dans les années 60 au Québec, les fermes étaient très pauvres. Il n’y avait pas de gestion de l’offre, il n’y avait aucun filet. Les agriculteurs en arrachaient. Aujourd’hui, tout cela a changé et c’est tant mieux. On a beaucoup de mécanismes qui nous aident sur le plan fiscal.

Par exemple, j’ai accès à une subvention pour m’acheter du matériel pour ma serre. Tout cela m’aide beaucoup. Est-ce que je pourrais arriver sans cela? J’ai toujours géré mes budgets avec les moyens du bord, alors pour moi, quand je reçois du soutien, c’est un plus. Mais disons que sans l’appui du gouvernement, cela serait plus difficile.

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Justement, qu’est-ce que tu penses de la relève agricole au Québec?

Ils sont beaux, ils sont brillants, ils sont informés. Ils pensent aussi à se reposer et à prendre une distance de ce métier, chose qui n’est pas de mon époque parce que j’ai toujours été dedans, sans jamais décrocher. Ils sont beaucoup en avance et ils font constamment des formations, en apportant de nouvelles idées. Les jeunes jardiniers ont déjà leur formation, le savoir ne se transfère pas de la même façon. Bref, je ne suis pas inquiet.

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Quels sont, d’après toi, les plus grands défis pour cette nouvelle génération de cultivateurs? 

Il y a la mise en marché qui est toujours un défi. Les produits bios se vendent très bien, mais il y plus de joueurs donc il faut se démarquer, il faut que tu aies ton créneau, un endroit pour vendre tes produits. Pour cela, Équiterre a été excellent pour nous avec le programme de paniers et une mise en marché incroyable.

Il y aussi tous les enjeux climatiques qui portent matière à réflexion. Je mentionnais qu’il y a de nouveaux insectes qui sont arrivés. Cette année, il y a eu aussi la sécheresse, je ne pouvais plus compter uniquement sur  «GOD » pour arroser mes terres, j’ai dû me patenter quelque chose.

Maintenant, quand un jeune achète une terre, il pense tout de suite aussi à un système d’irrigation, mais ce n’était pas le cas avant. Et finalement, c’est important d’expliquer le lien entre la nourriture et la santé, surtout à nos enfants.  Il faut partir ces petites bêtes-là le mieux possible. Donc, tu les nourris bien, mais il y a aussi les pensées. À l’école, il faudrait leur montrer qu’ils peuvent s’estimer, s’aimer, se comprendre eux-mêmes, au lieu de toujours chercher l’apport d’un autre. Et l’alimentation joue un rôle là-dedans. Parce que ce que tu mets dans ton corps, tu le mets dans ta tête aussi.

Le système d'irrigation de François

Jardiniers du chef

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Une belle salade mesclun au mois de janvier? Des fines herbes toutes fraîches à longueur d’année? Ou pourquoi pas des sacs de légumes exotiques qu’on croyait disparus, tels que le chervis, le salsifis ou les carottes blanches ou jaunes? Est-ce possible? Les Explorateurs ont rencontré Pierre-André Daignault et Nathalie Roy des Jardiniers du chef, qui à force de patience, de science, de recherche et de détermination, ont non seulement réalisé l’impossible en matant les éléments, mais ont également réussi le rêve de tout amant de nourriture saine et fraîche : faire pousser des légumes, herbes et fleurs de grande qualité, douze mois par année.

On mange quoi pour ne pas mourir trop vite?

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Neal Barnard  est médecin, chercheur, auteur et professeur associé de médecine à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université George Washington. Mais plus que tout, depuis plus de 20 ans, il est un pionnier du traitement de l’obésité, du diabète de type 2 et des maladies chroniques, avant tout par son approche révolutionnaire: la médecine préventive qui concentre ses efforts sur un changement d’habitudes de vie et d’alimentation. En effet, pour soigner ses patients, le Dr. Barnard leur propose une alimentation à base de plantes, un mélange de légumes, fruits et noix. Et les effets sont étonnants.

En déplacement entre deux conférences, le Dr. Barnard a bien voulu répondre à nos questions. Et on vous avise tout de suite : vous n’aimerez peut-être pas ce qu’il a à dire. Mais les résultats parlent d’eux-mêmes.

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Est-ce que TOUS vos patients ont obtenu des résultats positifs?

Chaque individu a ses propres résultats, et certains sont plus frappants que d'autres. Dans de nombreux cas, les résultats sont stupéfiants. J’ai vu beaucoup de patients inverser leur diabète de type 2, abaisser leur cholestérol, renverser leurs maladies coronariennes, soulager des conditions douloureuses comme des migraines ou de l’arthrite et même combattre l’infertilité avec un régime à base de plantes. Les avantages d'un régime végétalien peuvent parfois être affaiblis si le régime comprend trop d'aliments gras ou de grandes quantités de sucre ajouté. Il est également mieux d’adopter un régime végétalien le plus tôt possible. Les patients qui n'ont pas contrôlé leur diabète pendant plusieurs décennies ont peu de chances de le faire disparaître complètement. Mais ils vont quand même voir une amélioration, que cela soit au niveau de leur taux glycémique, leur cholestérol, les problèmes de poids, ou leur pression artérielle.

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Y a-t-il un patient que vous avez traité qui se démarque particulièrement par l’amélioration de sa condition suite à un séjour chez vous?

Il y a environ dix ans, un homme du nom de Vance s’est joint à notre groupe. Son père était décédé à l'âge de 30 ans et Vance avait 31 ans lorsqu'il a reçu un diagnostic de diabète. Au début de nos recherches, il a commencé à suivre un régime végétalien à faible teneur en matière grasse et il a progressivement perdu environ 30 kilos en un an. Son taux de sucre sanguin est revenu à la normale et il n’avait plus besoin de médicaments car son diabète avait disparu. Imaginez ce que l'on ressent lorsque l'on diagnostique une maladie qui a coûté la vie à des membres de votre famille, puis vous réalisez ensuite que vous l’avez combattue en changeant votre alimentation.

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Votre approche est elle acceptée dans la communauté scientifique?

De plus en plus. La National Institutes of Health a financé nos recherches à ce sujet en 2003 et l’Association américaine du diabète a publié nos premiers résultats clés en 2006. L’intérêt pour ce domaine s’est accru rapidement depuis. Dans ses normes 2018 relatives aux soins médicaux du diabète, l'Association américaine du diabète indique qu’une d'alimentation à base de plantes est une option efficace pour la gestion du diabète de type 2. Et la plus grande organisation mondiale de professionnels de l’alimentation et de la nutrition -  l’Academy of Nutrition and Dietetics - affirme que «les régimes végétariens, y compris végétaliens, sont sains, nutritionnellement suffisants et peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé pour la prévention et le traitement de certaines maladies», y compris les maladies du coeur, le diabète de type 2, l’hypertension, certains types de cancer et l’obésité.

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Quelle est la meilleure approche pour décider de devenir végétalien?

Je suggère toujours d’essayer pendant 21 jours. Une des clés pour qu’une bonne habitude prenne racine est de miser sur le court terme, car les changements à court terme peuvent modifier les habitudes à long terme. Après 21 jours de nourriture à base de plantes, la plupart des gens voient à quel point ces repas peuvent être délicieux et commencent à en voir les résultats: baisse de cholestérol, baisse de pression artérielle, plus d’énergie. Ils ne veulent plus revenir à leurs anciennes habitudes alimentaires une fois les 21 jours écoulés! Et en plus, il n’y a aucun inconvénient à inclure plus de fruits, de légumes et d’autres aliments sains dans votre alimentation! Un régime à base de plantes, riche en fruits, légumes, grains entiers et légumineuses, fournit une abondance de vitamines et de minéraux pour répondre aux besoins nutritionnels de chacun. Je recommande à tout le monde de prendre un seul supplément essentiel - la vitamine B12 - pour maintenir une bonne fonction sanguine et nerveuse. La vitamine B12 n’est pas fabriquée à partir de plantes ni d’animaux, mais par des bactéries.

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Si nos lecteurs ne pouvaient faire qu'une seule chose pour améliorer leur santé nutritionnelle demain, que devrait-il faire?

Évitez la viande, les œufs et le fromage. Une nouvelle étude a révélé que les aliments riches en cholestérol peuvent vraiment augmenter votre risque de maladie cardiovasculaire et de décès prématuré. Remplacez ces aliments malsains par des légumes, des fruits, des céréales et des légumineuses. Votre famille vous en remerciera.

Le portrait en chiffres 

74 171 872 986

animaux consommés par les humains en 2016

15 200 000

de décès en 2016 causés par les maladies du coeur, la cause #1 sur la planète

300 %

Augmentation du taux d'obésité chez les jeunes au Canada, en 30 ans

23 %

des adultes au Québec sont obèses (2015)

Entrevue avec Marc-André Valiquette

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On ne s’ennuie jamais quand on parle à Marc-André Valiquette. Biologiste moléculaire et inventeur du système de contenants de jardin révolutionnaire BIOTOP, Marc-André nous avait prédit, il y a cinq ans, la popularité de la protéine d’insectes et il avait identifié le rôle anormalement important que continue de jouer le maïs dans notre alimentation. On le pensait fou; il avait vu juste. Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. Avec ses idées tranchantes et sa compréhension cristalline du monde agroalimentaire, il prône une révolution alimentaire hyperlocale depuis un quart de siècle. Nous l’avons rejoint entre deux réunions avec des investisseurs pour qu’il nous parle un peu des enjeux mondiaux alimentaires qui nous guettent, des grandes mouvances planétaires, et aussi pour savoir sur quoi il travaille au juste et où il en est avec sa révolution. Car au risque de se répéter : on ne s’ennuie jamais avec Marc-André Valiquette.

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On a souvent prédit que notre système agroalimentaire, sous sa forme actuelle allait bientôt frapper un mur. Pourtant, rien ne semble changer. On en est où selon toi? 

Il faut se rappeler que le système agroalimentaire actuel s’est installé de façon graduelle, lentement, au fil des ans. Et ce qui est le plus important pour tous les acteurs de ce secteur, c’est la stabilité et la prévisibilité des modèles de production qui assurent une croissance contrôlée et une certaine sécurité. Tout cela fait l’affaire des compagnies tant et aussi longtemps que les paramètres sociaux et climatiques sont stables. Maintenant, on arrive lentement à un point de rupture, qui vient bouleverser les choses graduellement. Premièrement, il y a les changements climatiques qui viennent justement menacer la stabilité et la prévisibilité de la production. On observe aussi l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs à cause des insecticides et des parasites, ce qui affecte la production, entre autres, de fruits. Et il y a aussi tout le volet financier. On constate que de plus en plus de producteurs agricoles ont de la difficulté à assurer leurs récoltes, c’est à dire, ils ne peuvent avoir une bonne compensation en cas de perte ou de destruction. Et un autre effet graduel qu’on devrait surveiller dans le monde agroalimentaire, c’est l’inflation. En 2016, on se souvient de la crise du chou-fleur, où on payait 8 $ pour ce légume. Aujourd’hui, c’est la crise du céleri. C’est très progressif, mais à mesure que notre monnaie perd de sa valeur et que notre environnement vient affecter la production, les aliments vont coûter plus cher. Tous ces facteurs vont tranquillement bouleverser notre système actuel et nous forcer à revoir nos façons de faire.

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On prévoit une population mondiale de 10 milliards de personnes en 2050. On fait quoi alors?

Je pense que la réponse doit aussi venir graduellement. Mais il faut se rappeler que se nourrir n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental. Donc, cela commence par une prise de conscience. Cela fait 25 ans que je prône l’agriculture urbaine, qui fait partie de la solution. Il ne faut pas penser que c’est LAsolution, mais c’est un élément important. L’agriculture urbaine fait partie de ce que j’appelle la révolution alimentaire hyperlocale : il faut manger local, produire local et distribuer local. C’est un mouvement citoyen qui doit se faire, une personne à la fois. Et cela commence par chaque petit geste qui est posé. Cela peut commencer par un loisir, jardiner sur son balcon, dans deux ou trois contenants, mais tranquillement, cela devient une passion. Puis, quand on voit le potentiel et la possibilité, cela devient une terrasse, une cour ou, éventuellement, un toit. Puis, on peut arriver à un certain degré d’autonomie. Par exemple, avec les bacs BIOTOP, j’ai vu des gens qui étaient parfaitement autonomes en production de légumes, petits fruits et fines herbes tout l’été — et puis ils ont eu assez de tomates et de cornichons pour se faire des conserves. Donc, c’est très faisable.

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 Mais est-ce que l’agriculture urbaine est une solution concrète et réaliste? Même au Québec?

Il faut réunir trois éléments gagnants : il faut premièrement avoir la technologie qui le permet. Il faut que cela soit abordable. Et il faut que le message soit bien diffusé. En réunissant ces trois conditions, je pense qu’on est capable de faire la promotion de cette révolution alimentaire hyperlocale. Oui, le climat du Québec n’est pas idéal, mais il faut se rappeler qu’il y a à peine 50 ans, nos cours arrière étaient des jardins très productifs pour faire pousser des betteraves, des radis, des légumineuses, des oignons, etc. Mais c’est certain que cela va prendre du temps. L’agriculture s’est traditionnellement faite dans des champs spécialement pour cela, mais les terres agricoles coûtent de plus en plus cher. Avec la technologie d’aujourd’hui, on peut recréer un terroir sur une toiture, comme au Palais des congrès par exemple. Chez Ubisoft, ils font pousser des vignes sur leur toit. De l’espace cultivable, il y en a donc  énormément en ville, beaucoup plus qu’on pense. Il y a aussi des terrains contaminés qu’on peut simplement recouvrir d’une membrane et de gravier pour y installer un système de culture. Et il ne faut pas oublier qu’un couvert végétal est aussi la meilleure façon de lutter contre l’effet de l’ilot de chaleur urbain. Il y a 15 ans, c’était un sujet de conversation exotique ou académique, mais l’été dernier, il y a eu des morts ici-même à Montréal à cause de la chaleur. La meilleure façon de lutter contre ce phénomène, c’est de végétaliser le plus possible.

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Justement, tu travailles sur quoi en ce moment?

Je travaille sur un nouveau système de culture en pot qui est encore plus performant — et plus abordable. En gros, on a repensé le système BIOTOP, en commençant par lui donner un nouveau look et design pour le rendre plus attrayant. On a créé une technologie plus avancée, notamment pour simplifier l’expansion de la racine; on n’utilise plus de vermiculite, qui contenait de l’amiante, et aussi on a mis au point un outil microbien pour contrôler la putréfaction dans les réservoirs d’eau et réduire les odeurs. Et finalement, on veut offrir tout cela à un prix concurrentiel. En gros, on a mis 10 ans de recherche pour arriver à un prototype de système de culture en pot qui est tout aussi — sinon plus — performant qu’une culture en pleine terre. Parce qu’on peut garder l’uniformité dans les paramètres de culture au sol, comme l’humidité, la température, et l’approvisionnement en éléments nutritifs. La plante est constamment nourrie, elle n’a qu’à se servir.

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Qu’est-ce que tu veux que nos lecteurs retiennent de tout cela?

Deux mots : «nouveauté» et «inflation». Par nouveauté, je veux dire qu’il faut que les gens essaient des choses nouvelles quand on parle d’alimentation. Que cela soit devenir végétarien ou végétalien, la culture urbaine, essayer de nouveaux aliments comme le quinoa ou les algues — c’est plus qu’une mode, tout cela est une tendance d’avenir. Il faut que les gens essaient de nouvelles choses.Et en toile de fond, ce qui va encourager les gens à se lancer dans la production de légumes à domicile, c’est l’inflation. On peut accepter de payer une taxe sur le carbone, mais il existe une autre taxe, très insidieuse, qui s’appelle l’inflation, qui est un peu de la taxation sans représentation. De la façon qu’on fonctionne actuellement, on emprunte sur les générations futures simplement pour se payer un meilleur maintenant. À un moment donné, ce modèle va venir à échéance, et tranquillement, l’environnement va raréfier les ressources et le monde financier va dévaluer la monnaie. C’est ce que je vois. Il ne faut pas croire aux révolutions implémentées par les gouvernements. Une vraie révolution, c’est quand les gens prennent l’initiative, par eux-mêmes, d’apporter des solutions qui leur conviennent parfaitement. Tout cela est une adaptation à un environnement qui change, à des ressources qui se raréfient et à de l’argent qui perd sa valeur. C’est Voltaire qui disait :  «La monnaie papier finit toujours pas retourner à sa valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro.»  Mais pendant ce temps-là, il faut manger.