La bouffe nous tue de partout

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Comme le démontre de plus en plus d’études, nos choix alimentaires sont largement responsables des maladies qui nous affligent, notamment les maladies cardiovasculaires et le diabète. Et voilà que nous apprenions cette semaine que l’industrie de la bouffe, en plus d’éliminer progressivement ses consommateurs, est en voie de détruire notre planète entière.

En effet, un rapport dévastateur de l’ONU de 1,800 pages (on vous épargne l’hyperlien) conclut que nos besoins insatiables en énergie et en alimentation sont en voie d’anéantir notre biodiversité à une vitesse vertigineuse.

Quelques chiffres pour vous déprimer solide :

+ 1 million d’espèce en voie d’extinction

+ 400 “zones mortes” dans les océans, soit une superficie grande comme le Royaume-Uni.

+ Et 100 million hectares de forêt tropical perdus entre 1980 et 2000 - principalement pour de l’élevage de boeuf et des plantations d’huile de palme.

Aujourd’hui, un tiers de la surface terrestre du globe sert à l’agriculture et à l’élevage. Et l’élevage intensif de bétail est aussi la première cause du réchauffement climatique.

Face à des nouvelles aussi débilitantes, on se permet un petit rappel: LA façon la plus facile, efficace, immédiate et concrète de réduire votre impact sur l’environnement est, en réalité, un geste tout simple que vous pouvez poser à tous les jours.

Mangez. Moins. De. Viande.

Mais on laisse le mot de la fin au Dr. Kate Brauman, un des auteurs de l’étude, qui déclarait : « Nous savons que les gens mangent souvent de façon malsaine aujourd’hui, pour eux et pour la planète. Nous pouvons être en meilleure santé en mangeant une alimentation plus variée, contenant plus de légumes et nous pouvons également améliorer la santé de la planète en cultivant ces aliments de façon plus durable.»

(Publié le 10/05/2019)

9-1-1 Bananes

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Gros Michel. La maladie du Panama. Cavendish. Tropical Race 4. Le Sigatoka noir. Non, vous n’êtes-pas dans un roman d’espionnage de John Le Carré mais dans une intrigue toute aussi rocambolesque : une course contre la montre pour sauver … la banane.

Il existe plus de 1,000 variétés de bananes dans le monde, mais depuis la fin du 19e siècle, le marché mondial a majoritairement misé sur une sorte : la Gros Michel. Malheureusement, à la fin des années 50, la Big Mike a pris une sérieuse débarque, anéantie par un mystérieux virus provenant du Panama qu’on a logiquement nommé…«virus du Panama».

Mais les gros joueurs de l’industrie (Dole, Chiquita, del Monte, etc.) avaient prévu le coup et ont trouvé un remplaçant idéal, une sorte toute aussi sucrée, sans semis et surtout, résistante au virus : La banane Cavendish, qui est celle que vous trouvez aujourd’hui au supermarché.  Mais il semblerait que l’histoire des grands dangers de la monoculture ne nous ait visiblement rien appris, car un tout nouveau virus de type fongique au nom beaucoup plus sexy, le Tropical Race 4 (TR4 pour les intimes), a depuis fait son apparition et menace les bananiers en Asie et en Afrique. Le Costa Rica et l’Ecuador, les deux pays producteurs et plus grands exportateurs de bananes sont sur un pied d’alerte pour l’empêcher de rentrer au pays, et tentent aussi de trouver une solution, soit en modifiant génétiquement la banane ou en identifiant une nouvelle sorte résistante au virus.

Puis, cette semaine, une nouvelle étude de l’Université d’Exeter affirmait que les changements climatiques augmenteraient désormais le risque d'une autre maladie fongique au nom super exotique — le Sigatoka noir— qui pourrait ravager la culture de bananes.

Confronter au risque de se faire bananer, le Québec peut se compter chanceux. En effet, si jamais la banane était backorder,on pourrait toujours se tourner vers les serres Arundel, dans les Laurentides. «Nous produisons des bananiers et la variété cette année est la dwarf Cavendish,» nous explique Johanne Meilleur.

(Publié le 10/05/2019)

Ce qu’on pense du Beyond Burger

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On ne se le cachera pas, en cuisine, on a tous eu besoin, à un certain moment, de faire semblant d’aimer quelque chose. Lorsque notre neveux boutonneux végé nous livre sa dernière création culinaire à base de tofu, de nori et d’ananas, on grimace de joie en dégustant, mais on se dit vite plein. Puis, il y a les choses qu’on a toujours aimées parce qu’elles étaient franchement savoureuses, mais aussi parce qu’elles ont fait partie de notre jeunesse. Un bon verre de lait le matin ou avant de se coucher. Des Frosted Flakespour déjeuner. Un super burger dégoulinant les chaudes soirées d’été, dévoré en gang. Quelques décennies et plusieurs maladies cardiovasculaires, diabètes et cancers plus tard, voilà que la science nous rattrape.L’eau devrait être la boisson de choix, plutôt que le lait. Un déjeuner ne devrait pas contenir plus de sucre qu’un dessert et n’est pas nécessairement le repas le plus importantde la journée. Et la viande rouge est possiblement cancérogène.

Ce qui nous amène à la nouvelle galette de Beyond Meatque nous avons essayée cette semaine.

Primo, nous avons été impressionnés par sa taille et son épaisseur. Avec 20 grammes de protéines végétales par galette, le Beyond Burger ratisse large et fait une entrée musclée sur le marché grandissant de la fausse viande.

Puis, il y a le goût et sa texture qui sont surprenants, offrant une expérience qu’on pourrait qualifier de «quasi-carnivore». Pour être certain, nous avons testé le produit auprès de deux adolescents plutôt gâtés, assez paresseux et remarquablement rechigneux, aux goûts diamétralement opposés. Tous deux se sont avoués soumis : ils croyaient manger de la viande.

Mais comme le soulevait notre chauve chef face à toutes ces nouvelles tendances : Pourquoi cette obsession de vouloir absolument reproduire le goût et la texture de la viande? Pourquoi ne pas évoluer sur le plan alimentaire, et simplement s’adapter à des aliments qui sont meilleurs pour notre santé? Apprendre à manger différemment? Après tout, si on n’a pas vraiment besoin de lait, a-t-on pour autant besoin de lait d’amandes, de soya, d’avoine ou de pois?

La réponse est oui — et elle relève plus de l’émotion que de l’évolution. Notre réalité alimentaire a chaviré ces dernière années, et les récentes études et données sont venues bousculer nos valeurs établies et nos goûts acquis.

Ce qui était autrefois bon est aujourd'hui nocif, malsain et même carrément con. (Boire du lait d'un autre animal? Sérieusement.)

Il ne faut donc pas se surprendre que Silicon Valley clanche sur une multitude de simulations et de substituts alimentaires pour que nous puissions poursuivre notre longue — et parfois dangereuse — histoire d’amour avec certains aliments qui ont forgé notre jeunesse, notre culture et notre expérience alimentaire.

Oui, en cuisine, on a tous déjà fait semblant d’aimer cela.

Mais aujourd’hui on fait du semblant justement parce qu’on aimait cela.

(Publié le 3/05/2019)

Intoxications alimentaires : les suspects habituels

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Rapport plutôt alarmant chez nos voisins du sud cette semaine qui est en soi une autre bonne raison de prendre un virage végé. En effet, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) révélaient qu’il y a eu 25,606 cas d’infections, 5,893 hospitalisations et 120 décès reliés à des intoxications alimentaires aux États-Unis en 2018, ce qui constitue un record peu enviable pour la dernière décennie.

On retrouve en haut du palmarès bactériologique les suspects habituels : le campylobacter et la salmonelle, responsables de plus de la moitié des cas, toutes deux étroitement liées à l’industrie du poulet et des oeufs. Chez nous, environ 4 millions de Canadiens (1 sur 8) souffre à chaque année d’une maladie d’origine alimentaire, et la salmonelle est responsable de près du quart des hospitalisations au pays.

On rappelle que la salmonelle, un peu comme certains films de Tom Cruise, cause crampes, diarrhée et fièvre, et se retrouve principalement dans les aliments crus ou pas assez cuits.

Le Canada est présentement au prise avec une éclosion, avec 566 casà travers le pays causés par des croquettes de poulet panées congelées (ce qui explique notamment pourquoi le sushi de poulet n’est jamais une bonne idée).

Et sachez qu'un virage végétal ne vous protégera pas nécessairement de ces bactéries, comme nous le rappelle les cas d’infections de laitues romaines à la bactérie E. colil’an dernier.

Et peut-être la preuve ultime que ces bibittes ne discriminent pas, après une longue enquête menée dans sept provinces qui dépistait 76 cas de salmonelle depuis le mois de novembre dernier — dont deux cas au Québec — cette semaine, l’Agence de la santé publique du Canada identifiait enfin un coupable : les choux à la crème congelés de marque Celebrate.

Bref, pour éviter ou limiter tout risque d’intoxication alimentaire, on vous rappelle quelques conseils de base, en rafale :

+ toujours bien laver vos aliments
+ se laver les mains avant de cuisiner et avant de manger
+ éviter la viande (si ce n’est pas déjà fait) et encore plus la viande crue
+ lorsque vous cuisinez, bien séparer les aliments crus des cuits et bien nettoyer votre surface de préparation après chaque usage
+ toujours dégeler vos poissons et fruits de mer au frigo
+ garder votre frigo entre 0 et 4 degrés

... et autant que possible, laisser donc tomber les «creams puffs» et croquettes congelés.  Mais cela, on présume que vous le saviez déjà.

(Publié le 3/05/2019)

Ananas, McDonald’s et Vendredi saint

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Si vous êtes Catholique, il y a de bonnes chances que vous avez passé une partie de votre vie sans viande le vendredi. Pourquoi? Parce que Jésus ayant sacrifié sa chair pour nous le Vendredi saint, il fallait observer un jour d’abstinence de viande et de pénitence tous les vendredis en sa mémoire. C'était comme ça.

Et c’était un problème de taille pour Lou Groen qui, en 1959, ouvrait un restaurant McDonald à Cincinnati. Avec un clientèle 87% catholique, il voyait ses ventes de burgers chuter de façon épique chaque vendredi, encaissant à peine 75$ au lieu de 300$ les autres jours de la semaine.

Condamner à agir, en 1961 il propose un sauveur à ses patrons : le filet de poisson, un burger composé essentiellement de flétan et d’une tranche de fromage, garnis de sauce tartare. Il présente son nouveau produit au fondateur de McDonald Ray Kroc, qui n’est pas particulièrement réceptif à l’idée: «Tu me présentes toujours un tas de merde! Et je ne veux pas que mes magasins puent le poisson!»

Mais voyant que Groen ne démord pas, il lui lance un défi. Kroc avait aussi en tête l’idée de créer un nouveau burger sans viande mais plutôt avec une tranche d’ananas - le Hula Burger (concept). Il propose donc de mettre les deux nouveaux burgers au menu, le jour du Vendredi saint 1962, dans certains restaurants participants. Le nouveau burger qui se vend le plus sera immortalisé au menu.

Pointage final: Hula Burger 6, Filet de poisson 350. Groen réussit donc à sauver son restaurant, le Filet de poisson devient un succès monstre pour McDo et le 17 février 1966, le Pape Paul VI offre un peu de souplesse en proposant une réforme qui permet aux Catholiques de manger de la viande le vendredi.

Le Hula Burger, pour sa part, est devenu un des plus illustres flop de l’histoire de McDonald’s. Amen.

(Publié le 19/04/2019)

Le Merveilleux Monde Végé

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Disney prend également un virage végé en offrant cette semaine un dépliant à tous ses visiteurs indiquant les 75 repas et mets végétaliens et végétariens disponibles dans ses différents parcs thématiques.

Déjà reconnu par PETA comme le parc d’amusement le plus végane, Disney en rajoute en offrant désormais le guide «Plant based cuisine», en plus de mentionner quand les plats sont disponibles (déjeuner, lunch ou souper), s’ils peuvent être servis rapidement et les ingrédients dans chaque item en cas d’allergies.

Il faut dire que Disney a déjà une longueur d’avance sur bien d’autres parcs thématiques côté production de légumes et fruits, grâce évidemment au Centre Epcot et ses serres couvrant 2.5 millions de pieds carrés qui produisent près de 30 tonnes de fruits et légumes annuellement pour les restaurants du site.

Rappelons que Disney sert quand même, à chaque année, sept millions de burgers, cinq millions de hot-dogs et 1,4 millions de cuisses de dinde à ses visiteurs. Autrement dit : l’entreprise qui a réussi de façon magique à nous faire adorer des animaux qui parlent et chantent continue de nous en faire dévorer à un rythme effréné.

On se permet une suggestion infaillible pour accélérer la transition végétarienne: pourquoi ne pas simplement introduire des nouveaux items au menu comme le «Donald Duck à l’Orange» ou le «Bambi Burger»?

(Publié le 19/04/2019)