ON A VISITÉ LA FERME BIKA

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Manger frais. Manger local. Manger dehors. Manger mieux. Pourquoi ne pas faire tout cela d’un seul coup ?

La cheffe réputée Fisun Ercan, anciennement du restaurant SU à Verdun, a décidé de réunir ces conditions gagnantes à la Ferme Bika, à Saint-Blaise-sur-Richelieu, pour nous faire apprécier une cuisine turque savoureuse et généreuse, et surtout nous faire découvrir le concept de la ferme à la table. Littéralement. Car tous les légumes ou aliments qui sont servis proviennent du jardin sur place ou encore d’un producteur avoisinant. On parle ici de proximité au max, le tout dans un décor chaleureux, avec une superbe verrière agencée d’une grande cuisine qui contient même un four à pain !

Mais ne dites surtout pas à Fisun qu’elle « a un restaurant » ; elle veut plutôt nous faire vivre une expérience gastronomique turque complète, tout en sensibilisant les gens à l’importance de la nourriture locale, les aliments saisonniers et le zéro déchet. La vision totale, quoi. Et honnêtement, c’est parfaitement réussi.
Le menu pique-nique que nous avons goûté est généreux, varié, délicieux, bien équilibré, les saveurs sont nuancées et subtiles, le tout servi dans des emballages compostables (pandémie oblige). Le prix suggéré pour deux personnes est très raisonnable et on y retourne sans hésiter. Car pour savourer la proximité, la distance n’a pas d’importance.

(Publié le 29/05/2021)

UNE OMELETTE SANS CASSER D’OEUF!

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Cela fait quand même un petit bout qu’on en parle, mais ils sont enfin arrivés : les Just Eggs — ces faux oeufs à base de plantes qui nous proviennent de la compagnie « Just » en Californie  — sont maintenant disponibles au Canada, notamment chez Walmart et Metro.

Confectionnées principalement à base de haricots mungos et d’eau, ces galettes d’oeufs végétaux offrent une solution de remplacement facile et efficace aux oeufs traditionnels, qu’on peut préparer en toute simplicité, à la poêle, dans le grille-pain, au micro-ondes ou au four.

Mais pourquoi un oeuf à base de plantes, vous dites ? 

Quelques raisons rapides, en rafale :

  • + Primo, le Just Egg contient autant de protéines qu’un oeuf, soit environ 7 g par portion.
  • + Plus important encore, la confection d’un Just Egg utilise 98 % moins d’eau, 86 % moins de terre et génère 93 % moins de gaz à effet de serre qu’un oeuf traditionnel, ce qui n’est quand même pas négligeable.
  • + Contrairement aux oeufs qui sont des petites bombes de cholestérol et de gras — un oeuf contient près de deux fois plus de cholestérol qu’un Big Mac —, le Just Egg n’en contient aucun. Par conséquent, il vous épargnera les nombreux dommages collatéraux associés aux oeufs qui ont été identifiés dans plusieurs études, comme les maladies du coeur, le diabète et le cancer.
  • + Aussi, et on le dit sans naïveté, il nous semble qu’en 2021, il serait peut-être temps qu’on tourne la page sur une industrie qui broie des poussins vivants.

Finalement, côté saveur, on ne peut que lever notre chapeau aux Just Eggs, car ils goûtent à s’y méprendre les oeufs — même s’ils sont un petit peu salés à notre goût et qu’ils contiennent quand même quelques ingrédients qui rapportent gros au Scrabble, du genre, « maltodextrine » ou encore « transglutaminase » (mais rien comparé à ce qu’on trouvait dans un Mister Freeze…)

Pour l’instant, seule la version congelée est disponible, mais sachez qu’aux États-Unis, le produit est aussi vendu en bouteille sous forme liquide, pour faire notamment des oeufs brouillés et des omelettes, toujours sans briser d’oeuf — et sans broyer des poussins vivants.

(Publié le 29/05/2021)

OBÉSITÉ, QUAND ON TE LAISSE ALLER

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Le prestigieux magazine The Economist nous apprenait récemment que l’obésité se pointait désormais en Afrique.

Mais à vrai dire, l’obésité qui débarque sur le continent africain n’est que la pointe de l’iceberg d’une longue conquête mondiale bien engrangée depuis plusieurs années.

En effet, l’obésité ne surprend que par la rapidité à laquelle elle se propage aux quatre coins de la planète, y compris chez nous où 2,3 millions d’adultes souffrent d’obésité abdominale, soit deux fois plus qu’en 1990, selon l’Institut national de santé publique du Québec.

Et qu’est-ce qu’on fait pendant que notre planète grossit ? 

Une cinquantaine de médecins et professionnels au pays ont récemment publié de nouvelles lignes directrices concernant l’obésité pour qu’elle soit désormais traitée comme une maladie.

Et voilà que le New England Journal of Medicine publiait une étude la semaine dernière, qui déclarait que pour la première fois, un médicament s’était révélé efficace contre l’obésité, aidant des patients à perdre jusqu’à 15 % de leur poids et surtout à éviter les pires conséquences de la maladie, y compris le diabète.

Mais pendant qu’on débat sur la façon de traiter l’obésité et qu’on se tourne vers la science pour y remédier, il serait peut-être temps qu’on s’attaque aussi à sa cause qui, elle, est très connue et parfaitement identifiée depuis plusieurs années.

Car vous ne serez pas surpris d’apprendre que la cause de cette maladie n’est ni une transmission par aérosol ni une ventilation défaillante ou encore un virus sournois qui traîne sur une chauve-souris à Wuhan ou une poignée de porte au Dunkin’ Donuts.

Comme le soulignait la Dr Sonia Caprio de l’Université Yale dans une étude sur l’obésité auprès des jeunes l’an dernier : la seule façon d’atténuer l’obésité est une meilleure alimentation.

Donc, oui, argumentons pour redéfinir l’obésité afin de mieux la traiter, mais si on visait aussi sa source, c’est-à-dire toute cette panoplie de malbouffe transformée, aussi addictive que nocive, qui nous coûte une fortune en soins de santé et en vies? Surtout quand on sait que les effets néfastes de la malbouffe ont une incidence directe sur le taux de mortalité de la COVID-19.

L’Organisation mondiale de la santé mentionne que l’industrie agroalimentaire peut jouer un rôle « important » en faisant la promotion des régimes alimentaires sains en « réduisant la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés et en proposant à tous les consommateurs des produits sains et nutritifs à un prix abordable ».

À la lumière du Rapport sur la nutrition mondiale  l'an dernier qui confirmait que l'obésité gagnait du terrain partout — et du fait que les maladies du coeur demeurent la plus grande cause de décès au monde avec près de 18 millions de victimes chaque année, dont 52 000 au Canada  —, il est temps d’oublier les voeux pieux et de passer à l’action.

L’autoréglementation n’a pas fonctionné avec les barons du tabac, elle demeure visiblement un mirage même pour les producteurs de nourriture pour bébé aux États-Unis, elle ne trouvera jamais preneur auprès des géants de la technologie et parions un petit brun que le résultat sera le même avec tous ces monstres alimentaires de la planète.

Les monstres ne se domptent jamais seuls.

Alors, à quand un programme d’étiquetage de Santé Canada pour prévenir les consommateurs des produits hauts en gras, sucre et sel ?
Ou une taxe sur les boissons gazeuses qui est attendue depuis fort longtemps ?
Et pourquoi pas un programme obligatoire de cuisine et de nutrition à l’école, du primaire au secondaire ?
Ou un engagement plus ferme du ministère de la Santé et du Collège des médecins envers l’importance de l’alimentation dans un rôle préventif chez les patients ?

Et pourquoi pas une loi contre le Kraft Dinner saveur bonbon pendant qu'on y est?

En ce moment, on remue ciel et terre afin de combattre un virus dont on ne connaît pas exactement l’origine.

Pendant ce temps, face à une maladie encore plus dangereuse et pernicieuse, dont on connaît pertinemment la souche, nos gouvernements continuent de fermer les yeux.

Pendant qu’on ouvre la bouche toujours plus grand.

L’OBÉSITÉ DÉBARQUE EN AFRIQUE

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Comme un mégalomane qui joue au Risk toute la nuit, rien ne semble pouvoir stopper l’obésité et son appétit mondial.

Car comme nous le rapportait un article du magazine The Economistrécemment, après le Mexique, la Chine, la République du Nauru et le Québec— pour ne nommer que ceux-là — voilà que la maladie s’installe sournoisement sur le continent africain.

En effet, alors que la population africaine migre des villages vers les villes, les gens se tournent vers la malbouffe et les produits transformés pour leurs besoins alimentaires, avec les résultats qu’on connaît. Les détails :

  • + Pendant que 40 % des femmes et 15 % des hommes sont obèses en Afrique du Sud (indice de masse corporelle supérieur à 30), une grande partie du reste de la région se dirige dans la même direction, à l’exception des pays les plus pauvres comme le Tchad et le Mali.
  • + En Zambie, 35 % des femmes et 20 % des hommes sont en surpoids (IMC +25).
  • + Le problème, selon l’article, c’est que très peu de gens sont au courant des risques de la malbouffe. Souvent, les mères pauvres nourrissent leur bébé avec des boissons gazeuses et des jus sucrés, en plus du lait maternel.
  • + L’Organisation mondiale de la santé estime que 7 % des personnes en Afrique souffraient de diabète en 2014, soit plus du double qu’en 1980. L’hypertension artérielle a également augmenté.

+ Mais soyons clairs : l’obésité croissante ne signifie pas que la faim a été chassée du continent. Environ 30 % des garçons et 20 % des filles de 5 à 19 ans en Afrique souffrent encore d’insuffisance pondérale.

Et pour terminer, si la faim peut nous paraître un concept lointain, on en profite pour vous rappeler qu’en 2019, on a compté 1,9 million de demandes d’aide alimentaire, que 500 000 personnes ont été aidées chaque mois et que 190 000 collations ont été offertes aux enfants à l’école… ici même au Québec.

(Publié le 17/02/2021)

DU KRAFT DINNER SAVEUR… BONBON

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Voici une nouvelle qui résume à elle seule tout ce qui ne fonctionne pas, tout ce qui est brisé et dysfonctionnel, dément, ridicule et grotesque dans notre monde de l’alimentation.
Pour la Saint-Valentin, les génies gastronomiques (et romantiques, apparemment) chez Kraft ont eu la brillante idée de lancer un nouveau produit : le Kraft Dinner rose à saveur bonbon.
Complétons avec une citation directement du site web : « C’est une nouvelle saveur offerte en édition limitée qui vous fera voir le macaroni en rose, tout en ayant des arômes de fromage et de bonbon. Alors si vous vous demandiez quel goût avait la Saint-Valentin, vous avez maintenant votre réponse, mes cœurs. »

Les sacs pour vomir ne sont pas inclus.

(Publié le 17/02/21)

DES MÉTAUX LOURDS À MANGER POUR BÉBÉ

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On rapportait sur notre site l’an dernier qu’aux États-Unis, un taux inquiétant de métaux lourds avait été détecté dans des marques de nourriture pour bébé populaires, comme Gerber et HappyBaby.
Vous vous doutez que les métaux lourds comme l’arsenic, le cadmium, le plomb et le mercure peuvent causer des dommages irréparables au cerveau de bébé — entre autres.

La situation était si préoccupante que le Congrès américain a décidé d’ouvrir une enquête.

Et voilà que le rapport a été rendu public la semaine dernière, et les conclusions sont carrément horrifiantes.

Le contexte 

Le Comité a demandé à sept des grands producteurs de nourriture pour bébé de leur fournir des échantillons et des rapports internes de tests sur les ingrédients qu’ils utilisent. Quatre compagnies — Nurture, Beech-Nut, Hain, et Gerber — ont répondu à l’appel, tandis que Walmart, Campbell et Sprout Organics Foods ont refusé. (Appelons cela un premier gros drapeau rouge.)

  • + Aussi incroyable que cela puisse sembler, la Food and Drug Administration (FDA) n’a pas de réglementation pour encadrer les métaux lourds dans la nourriture pour bébé, à part l’arsenic dans les céréales de riz pour bébé. Pour le reste, elle s’en remet à la bonne foi des compagnies et à leurs normes internes. Après tout, quelle entreprise chercherait à volontairement empoisonner des bébés ? (Drapeau rouge # 2.)
  • + Le 1er août 2019, les régulateurs fédéraux ont fait une présentation secrète à l’administration Trump afin d’exposer les risques accrus de métaux lourds toxiques dans les aliments pour bébé. On a écouté. On a pris note. Et on n’a absolument rien fait par la suite. (Drapeau rouge #3.)
  • + Finalement, question de bien cadrer l’ampleur du danger, le rapport rappelle en préambule que « l’exposition à des métaux lourds toxiques entraîne une diminution permanente du quotient intellectuel, une diminution de la productivité économique future et un risque accru de comportement criminel et antisocial chez les enfants. Les métaux lourds toxiques mettent en danger le développement neurologique du nourrisson et la fonction cérébrale à long terme. »

Les résultats 

Selon les documents obtenus, tous les aliments pour bébé sont contaminés par des niveaux « importants » de métaux lourds toxiques, notamment l’arsenic, le plomb, le cadmium et le mercure. Pire, les compagnies savent pertinemment que leurs produits sont dangereux, mais elles continuent de les vendre.

Mais combien de métaux lourds exactement ? Tout est relatif. À titre de comparaison, pour l’eau embouteillée, la FDA permet un maximum de 10 ppb (particules par milliard) d’arsenic, 5 ppb de plomb, et 5 ppb de cadmium. L’Agence américaine pour la protection de l’environnement a pour sa part fixé le seuil de mercure dans l’eau courante à 2 ppb.

… Et pour la nourriture pour bébé ? Tenez-vous bien.

  • + Les produits HappyBaby contiennent jusqu’à 180 ppb d’arsenic.
  • + Beech-Nut utilise des ingrédients contenant jusqu’à 886,9 ppb de plomb.
  • + Hain (Earth’s Best Organic) a utilisé 102 ingrédients dans sa nourriture pour bébé qui ont contenaient plus de 20 ppb de cadmium. Certains enregistraient jusqu’à 260 ppb de cadmium.

Le rapport souligne que, comparativement aux normes pour l’eau, les aliments pour bébé et leurs ingrédients contiennent jusqu’à 91 fois le niveau d’arsenic, jusqu’à 177 fois le niveau de plomb, jusqu’à 69 fois le niveau de cadmium et jusqu’à 5 fois le niveau de mercure acceptables. (Vous avez bien lu.)

La suite
Le Comité a émis cinq recommandations, dont la plus pressante et surréaliste : la FDA doit, de façon urgente, réglementer afin de mettre une limite sur les métaux lourds dans la nourriture pour bébé (comme on dit en anglais : you think? )

À la suite de ce rapport scandaleux, on peut également parier que des avocats pourraient entrer dans la mêlée, et qui sait, peut-être même, éventuellement, qu’un film avec Julia Roberts pourrait voir le jour.

Pendant ce temps chez nous, Santé Canada a émis un communiqué aux médias afin de rassurer la population, car selon leurs données de surveillance disponibles, les niveaux au Canada dans les produits pour bébé sont « faibles et ne devraient pas poser de problème de sécurité ».

L’utilisation du conditionnel demeure quand même assez préoccupante, merci.

(Publié le 17/02/21)