Gros Michel. La maladie du Panama. Cavendish. Tropical Race 4. Le Sigatoka noir. Non, vous n’êtes-pas dans un roman d’espionnage de John Le Carré mais dans une intrigue toute aussi rocambolesque : une course contre la montre pour sauver … la banane.

Il existe plus de 1,000 variétés de bananes dans le monde, mais depuis la fin du 19e siècle, le marché mondial a majoritairement misé sur une sorte : la Gros Michel. Malheureusement, à la fin des années 50, la Big Mike a pris une sérieuse débarque, anéantie par un mystérieux virus provenant du Panama qu’on a logiquement nommé…«virus du Panama».

Mais les gros joueurs de l’industrie (Dole, Chiquita, del Monte, etc.) avaient prévu le coup et ont trouvé un remplaçant idéal, une sorte toute aussi sucrée, sans semis et surtout, résistante au virus : La banane Cavendish, qui est celle que vous trouvez aujourd’hui au supermarché.  Mais il semblerait que l’histoire des grands dangers de la monoculture ne nous ait visiblement rien appris, car un tout nouveau virus de type fongique au nom beaucoup plus sexy, le Tropical Race 4 (TR4 pour les intimes), a depuis fait son apparition et menace les bananiers en Asie et en Afrique. Le Costa Rica et l’Ecuador, les deux pays producteurs et plus grands exportateurs de bananes sont sur un pied d’alerte pour l’empêcher de rentrer au pays, et tentent aussi de trouver une solution, soit en modifiant génétiquement la banane ou en identifiant une nouvelle sorte résistante au virus.

Puis, cette semaine, une nouvelle étude de l’Université d’Exeter affirmait que les changements climatiques augmenteraient désormais le risque d'une autre maladie fongique au nom super exotique — le Sigatoka noir— qui pourrait ravager la culture de bananes.

Confronter au risque de se faire bananer, le Québec peut se compter chanceux. En effet, si jamais la banane était backorder,on pourrait toujours se tourner vers les serres Arundel, dans les Laurentides. «Nous produisons des bananiers et la variété cette année est la dwarf Cavendish,» nous explique Johanne Meilleur.

(Publié le 10/05/2019)